A Paris, dans les années 80, une mère de deux adolescents prend un nouveau départ en accueillant une jeune fugueuse.

Le cinéma permet d’aborder des questions d’actualité, d’observer la société, mais aussi de raconter des histoires de vie qui nous touchent et nous font réfléchir. Les passagers de la nuit de Mikhaël Hers fait partie de cette dernière catégorie. Ce long-métrage ne s’ancre pas dans un fait historique et ne vise pas à provoquer le débat autour d’un sujet qui interpelle. Il nous plonge plutôt dans le quotidien de gens ordinaires, auxquels il arrive ces moments extraordinaires qui changent le cours d’une vie.
Nous sommes dans les années 80, Elisabeth, la quarantaine passée, est quittée par son mari. Elle se retrouve seule dans leur appartement parisien avec leurs deux adolescents. Elle qui n’a jamais travaillé doit rapidement trouver un boulot pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Ses recherches l’amènent à entrer dans l’équipe d’une émission radio, Les passagers de la nuit. Ce programme invite les auditeurs à partager leurs histoires en direct, une fois le soleil couché. Elisabeth est chargée de répondre à leurs appels puis de les transférer à l’animatrice. Cette expérience nouvelle va changer sa vie et celle de ses enfants.
On suit en effet la maman célibataire durant plusieurs années. Au cours d’une des émissions radio, elle fait la connaissance de Talulah, une jeune fille qui a fui la maison de ses parents. Elisabeth va l’accueillir chez elle, lui offrir un point de repère en plus d’un toit. Elle va peu à peu se reconstruire, entourée de ses enfants, ses nouveaux collègues et se sentir utile, grâce à son travail.
L’extraordinaire dans la banalité
Comme dans son précédent film, Amanda, sorti en 2018, Mikhaël Hers instaure un rythme lent, qui franchit parfois la limite de la mélancolie. La douceur de Charlotte Gainsbourg correspond parfaitement à ce style, au ton du film qui cache sa force derrière une forme de délicatesse. On a la fausse impression qu’il ne se passe pas beaucoup de choses. Comme dans la vraie vie… Alors qu’en réalité, une foule de petits changements s’opèrent dans la discrétion. Les années 80 conviennent parfaitement à cet état d’esprit. Pas d’Internet ni de smartphones, juste des gens qui se rencontrent, échangent, s’aiment, s’entraident et parfois se séparent. On s’attache évidemment à ces personnages dont l’humanité transparaît par un regard, une attention, une parole.
Le réalisateur est allé chercher les moments intimes, qui ne signifient rien en apparence. Mis bout à bout, ils racontent une tranche de vie ordinaire. Ils font aussi le récit d’une renaissance. Elisabeth prend un nouveau départ en accueillant cette jeune fille en perdition dans sa famille. Elle devient quelqu’un d’autre, de plus épanoui. Ses enfants grandissent, elle passe à une autre étape de sa vie sans heurts, avec bienveillance. Ce genre de cinéma simple (en apparence) et ancré dans la réalité touche par sa sincérité. Il ne masque pas les épreuves mais montre qu’il est possible d’en sortir.
Elise LENAERTS

Cet article provient du Journal Dimanche et vous est offert !
Vous souhaitez en découvrir davantage? Contactez-nous en ligne, au 010 / 77 90 97 ou via abonnement@cathobel.be