Ce vendredi 1er avril, au Vatican, le pape François a présenté ses « excuses » pour le rôle joué par l’Eglise catholique dans les pensionnats pour autochtones au Canada. Cette démarche historique conclut une semaine de rencontres du pape avec les délégations des Inuits, des Premières Nations et des métis canadiens.

L’indignation, la honte, et, finalement, une demande de pardon. Ce vendredi 1er avril, le pape a présenté ses excuses, au nom de l’Eglise catholique, pour les abus et mauvais traitements survenus dans les pensionnats pour autochtones au Canada entre 1830 et 1996. Au cours de cette période, quelque 130 pensionnats ont été confiés à l’Eglise par l’Etat canadiens, afin de déculturer, de force, les enfants autochtones, afin de les intégrer dans la société canadienne issue de la colonisation.
« Je voudrais me joindre aux évêques canadiens pour vous présenter des excuses », a-t-il dit. Des mots qui ont résonné sous le plafond de la Salle Clémentine, où étaient réunis 200 représentants des premières Nations, des Inuits et des métis canadiens, dont certains ont eux-mêmes été victimes de mauvais traitements dans leur enfance. « Au nom de l’Église catholique, je demande pardon à Dieu », a insisté François, évoquant aussi un « contre-témoignage de l’Evangile ».
La colonisation condamnée
Ce moment historique a clôturé une semaine de visite de délégués autochtones au Vatican, semaine au cours de laquelle ils ont rencontré le pape à quatre reprises. François a aussi exprimé son « indignation » et sa « honte » pour les sévices subis par les enfants dans les pensionnats, dont de nombreux abus sexuels. Dans ces institutions surpeuplées, on estime entre 3 500 et 10 000 le nombre de pensionnaires morts de la tuberculose et de la grippe, qui ont ensuite été enterrés dans des fosses communes.
« J’ai écouté avec attention vos témoignages dans les jours précédents et je les ai portés avec moi dans ma prière », a déclaré François. Des jours pendant desquels le pape a compris, a-t-il dit, que ces peuples ont subi « une tragédie ». « Vos cultures et votre identité ont été blessées », a ajouté l’évêque de Rome, condamnant explicitement la « colonisation » qui a voulu effacer la culture indigène.
Un voyage fin juillet
C’est à cette « mentalité coloniale » que le pape a attribué les « différents abus » subis par les autochtones, en particulier « les souffrances et les privations » liées à la volonté de certains de « faire perdre (aux autochtones) leur propre identité et leur culture ». Des actes qui ont engendré un « traumatisme intergénérationnel », a souligné le pape.
« J’éprouve de la honte pour le rôle que des catholiques, des responsables catholiques ont eu dans tout ce qui vous a blessé, dans les abus et dans le manque de respect envers votre identité, votre culture et même votre identité spirituelle », a insisté le pape. Avant de poursuivre : « Je voudrais vous dire que l’Église est de votre côté et voudrait continuer à cheminer avec vous. »
Lors de ce discours, qui a été suivi de danses traditionnelles, puis de longs applaudissements de la part des participants, le pape François a aussi annoncé sa volonté de se rendre au Canada pour la fête de la Sainte-Anne, également célébrée par les autochtones. Un voyage qui pourrait donc avoir lieu autour du 26 juillet.
Source : La Croix, Vatican news