En lançant un mouvement participatif, en lieu et place d’un parti traditionnel, les Engagés (ex-cdH) veulent incarner une "nouvelle idée de la politique" , en rupture totale avec la particratie. Retour sur un congrès haut en couleurs, où l’orange emblématique des démocrates-chrétiens a disparu au profit d’un turquoise, dans l’air du temps. Et pluraliste.
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Le nom et la couleur sur toutes les lèvres
Il est 15h lorsque le public est invité à prendre place dans la grande salle du congrès installée au cœur de Tour & Taxis. Le meeting est sur le point de commencer. Certains spectateurs s’amusent à repérer les visages bien connus du cdH parmi la foule: Joëlle Milquet, Catherine Fonck, Pierre Kompany, Francis Delpérée... D’autres tentent carrément de leur soutirer le nom et la couleur de la future formation. En vain.
Seules certitudes: l’orange et le centre démocrate Humaniste, c’est fini et oublié. Nulle part dans les couloirs ou sur les encarts du congrès ne sont affichées les trois lettres distinctives du parti centriste. Relégué sur les bancs de l’opposition fédérale après une déroute électorale en 2019, le cdH a enclenché en janvier 2020 un processus d’introspection d’une durée de deux ans, intitulé "Il fera beau demain". Le congrès du 12 mars vient boucler ce profond exercice de refonte en présentant, outre un nouvel habillage, un manifeste composé de 150 propositions élaborées à partir des aspirations citoyennes.
La révolution, tout en nuances
Sur une musique de Coldplay, Maxime Prévot s’avance, déterminé, sur la scène, face à un public de 1.300 personnes. Durant plus de deux heures, le président du futur ex-cdH distille les mesures contenues dans le manifeste. Des propositions "pragmatiques et nuancées" qui permettront d’être "en rupture avec la particratie et en avance par rapport aux défis de demain".
On retiendra entre autres la réindustrialisation de l’économie belge et européenne, un rapprochement entre les écoles au sein d’un seul réseau autonome, deux heures de philo (avec un dialogue interconvictionnel) chaque semaine, l’instauration de référendums, ainsi que la suppression du Sénat.
Peu avant 19h, alors que les noms et couleurs du futur parti centriste ont déjà commencé à fuiter dans quelques médias, une vidéo officialise la fin du suspense. Sur des images d’incendies de forêts, d’inondations et d’infirmière épuisée, une voix-off nous annonce qu’"il est temps de donner une nouvelle couleur à notre société": le bleu turquoise, "une couleur apaisée, inspirante, comme un métissage d’idées positives qui donnent le meilleur". S’ensuit la révélation du nom: Les Engagés. Un nom personnifié qui sous-tend "la participation et l’engagement des citoyens".
"Les Engagés : une nécessité pour relancer le parti"
On le sent: le "ravalement de façade" du parti gagne directement le cœur du public. Et cela se vérifie ensuite dans les chiffres: sur 593 adhérents appelés à s’exprimer sur l’adoption du nom via un vote à main levée, pas moins de 556 répondent oui. "Moi, ce qui me plaît, c’est qu’ils ne se sont pas juste limités au changement de nom, mais qu’ils ont fait une vraie rénovation en profondeur", se réjouit Samuel, adhérent du cdH.
Timothé, membre des jeunes cdH de Namur, se sent pleinement impliqué dans le projet: "Il était important et nécessaire de relancer le parti. Ici, avec le nouveau mouvement, on ressent de la fraîcheur, de la nouveauté, de la jeunesse. On sent qu’il y a moyen de renouer les jeunes avec la politique."
Yves, adhérent au feu centre démocrate Humaniste, abonde dans le même sens: "C’est un projet plein d’espérance avec beaucoup d’idées novatrices." Mais il émet quelques réserves sur le volet religieux: "J’aurais aimé que le mouvement garde une certaine attache chrétienne, ou du moins qu’il fasse référence aux racines chrétiennes. Ils ont repris énormément de valeurs issues du christianisme, mais ne les ont pas présentées textuellement. Au contraire: ils ont annoncé que maintenant ils étaient neutres face à tout ça."