Ce vendredi 25 mars, à 19h, le cardinal Jozef de Kesel a présidé une célébration pour la paix en Ukraine, en la basilique de Koekelberg. Il répondait ainsi à l’appel du pape aux évêques de se joindre à lui pour consacrer la Russie et l’Ukraine au Coeur immaculé de Marie. Voici, dans son intégralité, l’homélie prononcée par le cardinal à cette occasion.

Frères et sœurs, un jour Jésus a dit à ses disciples : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations commandent en maîtres et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. » Le désir de pouvoir et de le faire sentir, la volonté d’être supérieur aux autres et la conquête nostalgique d’un passé soi-disant glorieux, tout cela ne mène qu’à l’injustice et à la guerre que rien ne peut justifier. Nous ne pouvons répondre que par la prière et la solidarité.
Quand notre Seigneur a commencé à proclamer l’évangile, il a dit : « Heureux les pauvres de cœur et les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu ». Lui-même a toujours résisté à toute tentation de pouvoir et à toute violence. Doux et humble de cœur il a été proche de tous ceux et celles qui ne comptent pas dans ce monde. Cet amour et cette bonté lui ont coûté la vie. Il est devenu victime de la violence et de l’abus de pouvoir. Il a été pendu sur une croix et mis à mort. La veille de sa passion, pendant le dernier repas avec ses disciples, il a pris le pain et il a dit : Ceci est mon corps pour vous. Et à la fin du repas il a pris la coupe et il a dit : Ceci est la coupe de mon sang versé pour vous. Depuis lors ce pain et ce vin sont devenus les signes par excellence de son amour et de sa présence parmi nous. Depuis dix ans l’Eglise ici à Bruxelles veille, jour et nuit, auprès de Lui dans un esprit d’adoration et d’action de grâce. C’est avec grande joie que nous le commémorons aujourd’hui.
Il y a quelques instants, à 17 heure à Rome, le Pape François vient de célébrer la messe pour la paix en Ukraine. Dans un acte solennel il a confié l’humanité et particulièrement la Russie et l’Ukraine au cœur immaculé de Marie, Reine de la Paix. Il l’a fait ce jour-ci en cette fête de l’Annonciation. Ce faisant, Il a voulu poser un geste de l’Eglise universelle qui, en ce moment dramatique, porte à Dieu, par l’intercession de la Vierge Marie, le cri de douleur de tous ceux qui souffrent et implorent la fin de la violence, et qui confie l’avenir de l’humanité à la reine de la Paix
Nous venons d’écouter le récit de l’annonciation. Quand l’ange annonce à Marie qu’elle va concevoir et enfanter un fils, elle se pose des questions. Mais l’ange lui dit : « Rien n’est impossible à Dieu ». Oui, frères et sœurs, rien n’est impossible à Dieu. C’est la raison pour laquelle nous pouvons et nous devons prier pour la paix et continuer à le faire. Prier pour tant de morts. Et rester solidaires et tout faire pour ceux et celles qui sont confrontés à tant de souffrances. Oui, il y a beaucoup d’incertitude. Il y a aussi l’angoisse. Où cette guerre va-t-elle nous mener ? Résistons et ne désespérons pas. Dans sa dernière Encyclique Fratelli tutti le Pape François répond à ceux qui le traitent de naïf parce qu’il œuvre pour la paix et il dit : « Toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal. N’en restons pas aux discussions théoriques. Prêtons attention à la vérité de ces victimes de la violence, regardons la réalité avec leurs yeux et écoutons leurs récits le cœur ouvert. Nous pourrons ainsi reconnaître l’abîme de mal qui se trouve au cœur de la guerre, et nous ne serons pas perturbés d’être traités de naïfs pour avoir fait le choix de la paix. »
Nous sommes ici à la basilique dédiée au Sacré-Cœur de Jésus, cœur plein d’humanité et de douceur. Nous nous confions au Cœur de sa Mère, Reine de la Paix. Rien n’est impossible à Dieu, nous est-il dit. Ne perdons pas confiance. Dieu est à l’œuvre. Implorons l’Esprit de Dieu : qu’il change le cœur des hommes. Que l’esprit d’humanité et d’amour l’emporte sur celui de la haine et de la vengeance.
Cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles