Le 8 février dernier, Paul Löwenthal s’est éteint à l’âge de 86 ans. Il avait été le président du Conseil Interdiocésain des Laïcs durant sept années, de 2001 à 2007.

Un parcours de vie fait de chiffres, de voyages et de droits humains
Né le 1er septembre 1936 à Gand, d’un père allemand et d’une mère flamande, Paul Löwenthal fait ses secondaires chez les Jésuites, au collège Saint-Michel de Bruxelles, avant de se tourner vers des études supérieures en économie à l’UCL. Il devient tour à tour chercheur en 1963, puis professeur d’économie à l’UCL et à la Fucam (Mons) en 1970, avant de prendre les rênes du Service de conjoncture de l’Institut de recherches économiques et sociales de l’UCL la même année. Entre 1982 et 2006, il accomplit des missions de coopération inter-universitaire en Amérique latine. Parallèlement à cela, il travaille à la Ligue des droits de l’homme et à Amnesty International.
Émérite depuis 2001, Paul Löwenthal s’investit dans la philosophie politique, notamment la place des religions et convictions philosophiques dans l’État laïque. Représentant l’UCL au Conseil Interdiocésain des Laïcs de Belgique francophone de 1996 à 2001, il le préside de 2001 à 2007.
Paul Löwenthal est l’auteur de nombreux ouvrages tels que L’Etat laïque vu par un catholique (2004), Ne laissons pas mourir l’Eglise : Foi chrétienne et Église catholique (2011), Quand douter libère (2015) et Par nous, avec nous et en nous (2020).
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En 2006, Paul Löwenthal était interviewé par un journaliste de Dimanche, Pascal André, dans le cadre des 50 ans de la création de la Commission Générale des Œuvres d’Apostolat, l’ancêtre du Conseil Interdiocésain des Laïcs. L’occasion pour le président de l’époque de revenir sur le rôle du CIL et sa relation parfois ambiguë avec les évêques.
Dimanche : Pardonnez ma rudesse, mais la première question s’impose : à quoi sert le CIL ?
– La question s’impose tout à fait ! Nous nous voulons porte-parole et promoteurs de débats. Porte-parole de laïcs engagés dans l’Église ou la société. Promoteurs de débats dans l’Église et dans la société. Des questions se posent et les réponses manquent, ou alors diffèrent, même entre nous. Il faut donc y réfléchir, puis en discuter avec… tout le monde. Nous affirmons à la fois l’existence d’une pensée chrétienne et sa diversité. Toutes deux légitimes.
Il y a là comme un vent de liberté : cela ne vous cause-t-il pas de problèmes avec les évêques ?
– Nous avons le souci de collaborer avec nos évêques, dans le respect de leur autorité et notre liberté. Oui, c’est ambigu ! C’est que la réalité est ambiguë et que nos rôles comportent d’autres exigences. J’ai un jour lâché que nous disons ce que nous voulons puisque nous n’avons rien à dire… Mais nos responsabilités de baptisés sont là : relisez Vatican II sur l’Église dans le monde de ce temps (« Gaudium et Spes »). S’il nous arrive de ne pas suivre Rome ou Malines, les évêques le regrettent, mais ils ne nous en dénient pas le droit. Des moments de tension ont existé dans le passé, mais jamais les évêques ne nous ont retiré leur reconnaissance officielle et leur soutien.
Propos recueillis par Pascal ANDRÉ

Clément Laloyaux (avec Pascal André)