Simon, six ans, aime s’amuser avec ses deux frères. Mais il va bientôt devoir leur dire au revoir, car sa vraie famille l’attend. Une inspirante tranche de vie.

Anna a 34 ans et elle mène une vie de famille classique auprès de son mari, Driss, et de leurs trois garçons. Ils aiment aller jouer dans les arbres, faire des jeux de société, se chamailler. Ils partent en vacances. Tout est parfaitement normal. A ceci près que Simon, le petit dernier, n’est pas tout à fait comme les deux autres. Il est en effet placé dans la famille depuis l’âge de dix-huit mois. Après le décès de sa maman, son père n’avait plus la force de l’élever seul, et a donc confié Simon à l’Assistance Sociale. Depuis, le petit garçon a bien grandi, ne voyant son père biologique qu’à de rares occasions.
De son côté, en cinq ans, son père a eu le temps de se reconstruire. Plus serein, il a retrouvé du travail et se sent désormais prêt à voir plus souvent son fils. Le but de la famille d’accueil a en effet toujours été de s’occuper de Simon jusqu’à ce que son père soit à nouveau capable de le prendre en charge. Ce moment est arrivé. Bientôt Simon quittera sa famille, celle qu’il a pratiquement toujours connue.
Un film qui sent le vécu
Anna, dont c’est le premier enfant placé, a tissé un lien particulier avec ce petit garçon qu’elle élève comme son propre fils. L’annonce de ce départ va donc provoquer un choc au sein de la famille qui ne s’est pas vraiment préparée à cette séparation. La vraie Famille, film signé Fabien Gorgeart, aborde donc une thématique qu’on voit rarement au cinéma. Le réalisateur s’attelle à montrer cette période de transition entre la famille d’accueil et la famille biologique. Plutôt que de se concentrer uniquement sur l’enfant placé, il fait le choix de montrer les réactions de chaque membre de la famille. On voit ainsi comment les deux garçons sont attachés à ce frère qui n’en est pas un.
Le film se distingue par sa justesse. Et pour cause: le réalisateur s’est inspiré de sa propre enfance, lorsque sa famille a accueilli un enfant exactement comme dans le film. Il raconte notamment le conseil donné par les assistantes sociales à sa mère: « Aimez cet enfant, mais ne l’aimez pas trop ». Une tâche difficile, voire pratiquement impossible. L’équilibre du petit Simon tient justement dans cet amour qu’il a reçu depuis ses dix-huit mois. C’est paradoxalement là que se trouve aussi toute la souffrance liée au déchirement que représente la séparation.
La vraie famille met donc en avant le courage de ces familles qui prennent soin d’enfants comme si c’était les leurs. Sans stigmatiser le père biologique, qui a vécu un drame, ni la mère accueillante ou les assistantes sociales, il dévoile une réalité. On voit le travail des professionnels, l’implication de chacun dans la vie de ce petit garçon. Lui n’est évidemment pas oublié non plus. A seulement six ans, il ne saisit pas toujours ce qu’on attend de lui. Certaines scènes sont donc bouleversantes. On comprend le point de vue de chacun, ses sentiments, mais il faut passer par là pour retrouver un nouvel équilibre. Une nouvelle vie, avec une nouvelle famille pour le petit Simon. Une vie à quatre pour Anna, son mari et leurs deux fils.
Elise LENAERTS

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