Les chrétiens qui ne représentent que 2,5% de la population indienne, sont victimes de vexations administratives de la part du gouvernement hindou. La dernière actualité concerne les religieuses de la charité, un symbole important dans le pays.
Depuis Noël, la nouvelle se propage comme une traînée de poudre. Les Missionnaires de la charité, plus connues comme les sœurs de Mère Teresa en Inde, n'ont plus accès à leurs fonds fournis de l'étranger. Le 25 décembre, le ministère des Affaires intérieures de l’Inde avait décidé de suspendre la licence de la congrégation des Missionnaires de la Charité, leur permettant de recevoir des subventions étrangères. Par précaution, la congrégation a décidé de ne plus utiliser de devises étrangères tant que la question n’est pas résolue.
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"C'était une surprise, que le gouvernement Modi s'en prenne à ce symbole important aux yeux de la communauté internationale." Thomas Oswald d'Aide à l'Eglise en Détresse (AED International) suit attentivement l'actualité des chrétiens à travers le monde, et notamment en Inde. "Nous avons des contacts réguliers avec les évêques, les prêtres et les communautés religieuses des différentes régions. L'état de la situation n'est pas le même au nord qu'au sud", constate notre spécialiste. Dans les régions du nord de la fédération indienne, les lois contre les conversions forcées se multiplient. Le BJP, parti au pouvoir, soupçonne de manière de plus en plus inquiétante que les religions minoritaires chercheraient à convertir les hindous. Dans le cas de l'église catholique qui ne représente que 2% de la population, leur action est déterminante dans le domaine social, à travers les hôpitaux, les écoles, les orphelinats…
Les soins, l'éducation…
La revue d'AED datée d'octobre-novembre 2021 racontait les efforts entrepris par un prêtre présent depuis cinq ans au nord de l'Inde, dans sa volonté de fonder une école. En août dernier, la Commission pour la protection des droits des enfants a adressé un rapport au gouvernement en critiquant les établissements tenus par les chrétiens et les musulmans. Les écoles chrétiennes sont qualifiées de trop élitistes, alors que les établissements musulmans ne fourniraient qu'une éducation de qualité insuffisante. Ces derniers mois, des attaques violentes ont été menées contre certaines écoles. Et pourtant les besoins en matière d'éducation sont importants dans un pays où la moitié de la population a moins de 25 ans.
Près de 6.000 ONG concernés
"Quand ils soignent ou quand ils s'occupent de la population fragile, les chrétiens sont suspectés en permanence", constate Thomas Oswald dans les témoignages reçus depuis l'Inde. Les prêtres risquent la prison, si les hindous peuvent trouver de quoi les soupçonner d'avoir essayé de convertir la population aidée. En affaiblissant les structures de soins, s'inquiète le spécialiste d'AED International, "on risque de voir réapparaître des maladies qui sont ordinairement soignées". Rappelons que les missionnaires de la Charité représentent l'équivalent de la première ONG du pays. "Cela ne doit pas faire oublier les près de 6.000 ONG concernés par les restrictions récentes", s'alarme Thomas Oswald. "Le gouvernement Modi, qui a été renforcé par ses résultats aux dernières élections envoie des signes inquiétants à l’égard des minorités religieuses", conclut-il, en reconnaissant que jusqu'à présent (début janvier) Aide à l'Eglise en Détresse n'est pas touchée.
AF de Beaudrap
Le sujet de la discrimination religieuse est abordé par le pape François dans la Vidéo du Pape de ce mois de janvier