Voici le point sur les connaissances sur les béguines réunies par une sociologue qui s’y intéresse depuis de nombreuses années: contexte, histoire, mystique, renaissance.

Dans la foulée de la réforme monastique du XIIe siècle, des femmes vont se réunir par petits groupes, toujours citadins, avec une liberté et une indépendance inédites. D’abord issues des milieux aristocratiques, leur extraction va progressivement glisser vers d’autres couches de la population notamment parce qu’il ne fallait pas de dot pour devenir béguine. De grandes figures vont émerger au XIIIe siècle dont nos compatriotes Hadewijch d’Anvers, Julienne de Cornillon ou Marie d’Oignies. Elles s’inscrivent dans la mystique rhénane (Maître Eckhart, Jan Ruusbroec) avec le fait remarquable qu’elles écriront dans la langue vernaculaire et non latine.
Sans jamais se structurer, ce mouvement va s’étendre jusqu’à compter plus d’un million de béguines et bégards au XIIIe siècle! C’est dans nos contrées qu’il subsistera, défendu notamment par les évêques de Liège. L’absence de centralisation induit l’absence d’archives communes, d’où la difficulté de réunir des documents locaux. Proche des ordres mendiants (franciscains, dominicains), les béguines vivent de leur travail: blanchisserie, draps, soin des malades à domicile, funérailles, etc. Certaines seront artistes.
La dernière béguine est morte à Courtrai en 2013. Des laïcs s’inspirent aujourd’hui de leur forme de vie (quadrilatère, maisons individuelles, célébrations et repas communs) pour donner un nouvel élan à un mouvement qui compte déjà huit siècles d’existence.
Geneviève IWEINS, Siloë Liège
Silvana PANCIERA, « Les Béguines, une communauté de femmes libres ». Almora, 2021, 189 pages, 17€ – Remise de 5% sur présentation de cet article (+ frais de port: 4,57€).