Suite à la diffusion, le 8 décembre dernier, d'un travail journalistique la concernant, l'association Poverello tente de rassurer ses bénévoles. Johan Van Eetvelde, le directeur de cette structure, s'engage à "organiser dès le début de l’année des rencontres dans les différentes sections locales".
Depuis plus de quarante ans, des personnes en difficulté viennent dans l'un des foyers Poverello en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie, chercher un toit, un peu de nourriture et de la chaleur humaine. Dans une lettre de deux pages adressée aux bénévoles de Poverello, le coordinateur de l'asbl revient sur la philosophie qui a inspiré la fonction de cette œuvre: "notre fondateur Jean Vermeire avait en créant Poverello, une vision personnelle qui est toujours à la base de notre mode de gouvernance et qui dicte notre gestion. Son projet c’était le partage. Donner des choses matériels mais d’abord donner de soi-même. Se mettre aux services des autres." Cet "engagement personnel et fraternel des bénévoles" fait, selon Johan Van Eetvelde, la différence avec d'autres organisations caritatives.
Un trésor d'année en année
Ce courrier adressé aux bénévoles aborde aussi la question financière telle qu'elle a été pointée du doigt par le reportage de la RTBF, du Vif et de Knack. "Oui nous avons reçu de nombreux dons qui aujourd’hui constituent un trésor de plus de 13,5 millions qui se trouvent sur nos comptes en banque", répond Johan Van Eetvelde. "Quel usage devons-nous faire de cet argent ? Nous l’utilisons bien entendu d’abord pour contribuer au financement de notre fonctionnement quotidien et pour rénover les bâtiments qui nous ont été offerts ou ceux que nous avons achetés pour répondre aux besoins des personnes que nous accueillons. Devons-nous les affecter à d’autres projets ou à renforcer notre fonctionnement quotidien ? Le conseil d’administration va mettre en place un groupe de travail pour réfléchir à ce que nous pourrions faire tout en respectant nos fondamentaux."
Quel usage devons-nous faire de cet argent ?
Johan Van Eetvelde
Plus précisément, sur la gestion des biens immobiliers, Poverello insiste : "développer, et gérer des projets comme ceux des rénovations, demandent des ressources humaines que nous n’avons pas en suffisance." L'asbl reconnaît avoir reçu en legs et acquis quelques biens qui supposent une rénovation importante pour pouvoir "devenir des lieux de rencontre et servir à l’accueil. Mais ces biens sont rarement adaptés à cet usage et doivent donc être aménagés structurellement ce qui représente aussi des importants investissements en ressources humaines que nous n’avons pas en suffisance." Dans ce courrier, le coordinateur de Poverello précise encore : "Depuis 2013, ce sont 3,9 millions d’euro qui ont été investis dans l’aménagement de nos biens immobiliers."
A l'écoute des bénévoles
Le reportage de #Investigation montrait également le fait que les personnes hébergées dans l'un des foyers Poverello sont invitées à participer financièrement aux frais de séjour. Johan Van Eetvelde s'en explique: "Notre approche est de pousser les personnes à avoir des ressources propres qui leur permettront ensuite de se réinsérer dans un tissu social. En faire des assistés permanents n’est pas notre rôle ni notre vision humaniste." Le responsable belge, successeur du fondateur de Poverello, reconnaît enfin que ces émotions et questionnements amenés par une "tempête médiatique" poussent à se "remettre en cause". Il s'engage auprès des bénévoles à "organiser dès le début de l’année des rencontres dans les différentes sections locales afin de vous écouter, répondre à vos questions et réfléchir ensemble sur l’avenir de notre engagement Poverello." Affaire à suivre, donc.