Dans son nouvel essai, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France?, l’historien Guillaume Cuchet s’interroge sur les forces dont dispose toujours la religion actuellement dominante dans l’Hexagone, sur ses chances de survie et sur ce qui se passera si l’Eglise venait à faire défaut.
-
©Emmanuelle Marchadour
C’est un constat que nul ne conteste. En France, le catholicisme n’est plus ce qu’il était. Un tiers des enfants seulement sont désormais baptisés (contre 94% vers 1965) et le taux de pratique dominicale avoisine les 2% (contre 25% à la même époque). Un tel changement n’est pas sans conséquence dans un pays qui a été façonné par cette longue imprégnation catholique. On peut même parler de mutation anthropologique à partir du moment où la génération des baby-boomers et ses descendants mourront sans croire. C’est d’ailleurs cette question de la mort qui ouvre le nouveau livre de Guillaume Cuchet. L’auteur aborde en effet d’emblée, et longuement, les rites funéraires, les présentant comme un dernier attachement au christianisme.
Les enterrements se font encore en majorité, même pour les non-pratiquants, dans les églises. Qu’est-ce que cela veut dire?
C’est le dernier indice de la sociologie religieuse qui soit resté massif. Le nombre des baptêmes, des communions, des mariages, s’est effondré, notamment dans les vingt dernières années, mais cet indice-là a tenu. Il y a deux explications possibles à cela, qui ne sont pas exclusives. La première est que la ritualisation de la mort est la dernière chose qu’on lâche en matière religieuse. C’est une explication anthropologique. Mais on peut penser aussi que si l’indice est resté tel, c’est parce que ceux qui meurent aujourd’hui ont encore massivement reçu une éducation religieuse dans leur enfance. Il y a là un effet de génération. Ils « bouclent la boucle » en se faisant enterrer à l’église, mais qu’en sera-t-il après eux?
Propos recueillis par Laurence D’HONDT

Découvrez la suite de cet article dans le Journal Dimanche
Profitez de nos offres à partir de 40€/an. Contactez-nous en ligne, au 010 / 77 90 97 ou via abonnement@cathobel.be