Documentaire : La haine 2.0


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Documentaire : La haine 2.0
© cinétévé
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Facebook, Twitter, YouTube: sur les réseaux sociaux la violence se déverse en torrents. Un documentaire disponible sur Auvio tente de comprendre comment on en est arrivés là.

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En surfant sur les réseaux sociaux, nous sommes tous déjà tombés sur une litanie d’insultes et de propos haineux. Un article, parfois même une phrase, suffisent à déclencher la colère des utilisateurs. Bien cachés derrière leur écran, ils déversent leur frustration, s’acharnent sur leur victime, sans subir aucune conséquence. Qu’ils attaquent en meute ou de façon isolée, ils peuvent littéralement ruiner la vie d’une personne. Ces actes inquiétants font l’objet d’un documentaire actuellement disponible sur Auvio, la plateforme de vidéo à la demande de la RTBF. Intitulé Les réseaux de la colère, il explore ce phénomène qui questionne les relations humaines 2.0.

Derrière le clavier des "haters"

D’autres documentaires ont déjà analysé le phénomène, souvent en donnant la parole aux victimes. Ceux-ci montrent généralement l’état de détresse, les dégâts que peuvent provoquer le harcèlement et la violence en ligne. Les réseaux de la colère est particulièrement intéressant à mettre en parallèle car, ici, la journaliste Hélène Lam Trong est allée à la rencontre des "haters", comme on les appelle. Ces personnes sont persuadées que leurs convictions justifient toutes les attaques. Ils viennent de tous horizons: un défenseur de la cause animale, un militant anti-raciste, une sympathisante des gilets jaunes ou encore une figure de "génération identitaire", un groupuscule d’extrême droite. Le documentaire ne questionne pas la légitimité de leur cause, certains sont eux-mêmes des victimes. Il interroge plutôt la manière dont ils font passer leur message. Cette violence écrite qui exclut toute forme de débat. La journaliste tente ainsi de comprendre ce qui se passe dans leur tête au moment où ils pianotent sur le clavier de leur smartphone ou de leur ordinateur. Face caméra, ils ont accepté de témoigner, avec un naturel qui témoigne de leur absence de remord. Pour eux, ils ont raison, un point c’est tout. Ces entretiens permettent toutefois de dégager les motivations de ces hommes et ces femmes. Ils font cela pour se défouler, se sentir moins seuls dans leur colère. En somme, ils tentent de soulager un mal-être humain.

Appel au meurtre, au viol, au suicide, incitation à la haine, dans un autre contexte, leurs mots pourraient être punis par une peine d’emprisonnement. Pourtant, sur les réseaux sociaux, ils ne risquent qu’un bannissement, facilement contournable, de surcroît. Ce faisant, le documentaire en vient à questionner la responsabilité de ces plateformes qui laissent se déverser tant de colère. Cette partie est encore plus effrayante car elle montre la puissance et le pouvoir des algorithmes. Ces intelligences artificielles sont programmées pour sélectionner les éléments qui feront le plus réagir les internautes. Hélas, c’est le conflit, la polémique, et donc la haine qui triomphent.
Ceci nous amène à nous remettre en question. A réfléchir à la société que nous souhaitons pour demain. A militer pour que ces plateformes soient mieux régulées. Ce sont des enjeux à ne pas négliger car ils façonnent le vivre ensemble. Il s’agit parfois même d’une question de vie ou de mort. Le triste anniversaire de la mort de Samuel Paty, ce professeur assassiné après avoir été ciblé par une vidéo sur Facebook, en témoigne.

Elise LENAERTS

Catégorie : Culture

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