Pour Patrick Debucquois, Mgr Aloys Jousten était « un savant mélange de critique et de bienveillance »


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Pour Patrick Debucquois, Mgr Aloys Jousten était « un savant mélange de critique et de bienveillance »
Célébration en 2011 pour les 10 ans d'épiscopat de Mgr Jousten
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Parmi les hommages à l'évêque émérite de Liège, décédé ce 21 septembre, nous avons reçu celui de Patrick Debucquois (que nous reproduisons ci-dessous). En tant que secrétaire général de Caritas, il a beaucoup collaboré avec Mgr Aloys Jousten, qui était son évêque référendaire.

Célébration en 2011 pour les 10 ans d'épiscopat de Mgr Jousten (c) Cathobel

Après un long et brillant parcours qui l’a vu tour à tour devenir prêtre, docteur en théologie morale, professeur, directeur de collège, doyen de Saint-Vith puis d’Eupen, Aloys Jousten a été nommé évêque de Liège le 9 mai 2001.

Pour avoir assisté à sa cérémonie d’ordination, je peux attester à quel point elle fut à la fois un moment de joie et de ferveur populaires, tant le nouvel évêque faisait l’unanimité par la justesse de ses discernements, son humilité et sa disponibilité.

Bien qu’évêque de Liège, il restait toujours profondément attaché à sa chère Région germanophone, dont il continuait à lire le "Grenz Echo" tous les jours. Toutefois, cette Région étant également celle dite des "trois frontières", il avait veillé à parler un néerlandais impeccable, et maîtrisait parfaitement l’anglais.

Proche des gens

Peu après son ordination, ses confrères évêques allaient lui demander d’assumer la lourde tâche d’évêque référendaire des organisations de solidarité, dont Caritas, Entraide et Fraternité, Vivre Ensemble et Justice et Paix.

Très rapidement, il allait imprimer sa marque sur ces organisations en adoptant une politique de présence sur le terrain aussi systématique que possible. Il ne manquait jamais une réunion de Conseil d’administration ni une Assemblée générale, ce qui lui en coûtait manifestement, tant en raison de la durée des déplacements et de la disponibilité qu’exigeaient ces réunions que de sa préférence manifeste pour une présence moins « institutionnelle » et plus proche des gens.

Toutefois, il ne manquait pas non plus une invitation à une animation ou à un voyage pastoral, fût-ce à l’étranger. Les proches d’« Entraide et Fraternité » se souviennent d’ailleurs avec émotion de son voyage au Nicaragua, en 2013, et des messages qu’il lui a inspirés.

Au sein de Caritas, il adoptait une attitude qui n’était pas toujours confortable pour ses interlocuteurs, un savant mélange de critique et de bienveillance. Il s’agissait sans doute d’une façon d’inciter à aller toujours plus loin, à se remettre sans cesse en question par rapport à la personne du plus pauvre, du plus opprimé, afin d’éviter de se renfermer dans un cocon, des procédures ou des routines.

Il était également capable d’une parole forte, comme ce fut le cas en 2015 avec sa participation à une prise de position de 125 évêques du monde entier pour une réglementation européenne sur les minerais dits « des conflits ».

Rarement en colère, presque toujours souriant, affable et profondément bon, Monseigneur Jousten restera sans aucun doute dans le cœur de ceux qui l’ont connu, et son départ laisse un grand vide.


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