Et si notre cerveau n’était pas le seul producteur de raison ? Et si l’on acceptait de laisser plus de place à cette petite voix nommée « inspiration » ? Peut-être la marche pourrait-elle nous y aider. Une opinion poétique de Baudouin Derycke, ancien enseignant et auteur.
Il est des informations que seuls captent les hommes en marche. Parce qu’en douceur elle distrait le corps et l’esprit des idées désordonnées produites à l’envi par le monde, la marche libère une pensée qui vient de bien plus loin que le cerveau, considéré à tort comme le seul producteur de la raison. Cette pensée, versée dans le cerveau par une toute-puissance infinie est ce que nous avons coutume d’appeler « inspiration ». Elle est cette petite voix qui a permis et permet toujours aux prophètes et à une multitude de penseurs, d’écrivains,
d’orateurs ou d’enseignants de nous guider avec enthousiasme (du grec èn théos) sur une voie lumineuse.
Croire à cette pensée qui vient de loin et inspire un chemin lumineux, c’est aborder le Sacré. Ce chemin est néanmoins semé de roses et d’épines. De roses parce que le parfum de sa présence ne cesse de raffermir la foi de celui qui le cherche sans relâche . D’épines, parce qu’il rappelle l’indifférence d’un très grand nombre à son égard.
Croire à cette pensée qui vient de loin et inspire un chemin lumineux, c’est en même temps revenir ni plus ni moins au prologue de l’évangile de Jean, qui utilise généralement les mots « paroles » ou « verbe » pour nous éveiller à cette pensée secrètement à l’oeuvre depuis l’origine de la vie et du monde : au commencement, nous dit Jean, cette pensée était avec Dieu. La lumière a brillé dans l’obscurité, mais l’obscurité ne l’a (toujours) pas reçue…
De tous les exercices physiques, la marche à pied est bien la reine incontestée.