Trente-sept ans après le film culte de David Lynch, l’épopée de Dune revient au cinéma. Une adaptation réussie du célèbre roman de science-fiction, qui nous plonge dans un univers complexe et fascinant.
Les fans l’attendaient depuis longtemps. Retardé par la pandémie de coronavirus, le film Dune est finalement sorti dans nos salles obscures le 15 septembre dernier. Et on peut l’écrire franchement: c’est une réussite. Le réalisateur québecois Denis Villeneuve gagne ainsi son pari d’adapter, au cinéma, le livre éponyme de l’écrivain américain Frank Herbert (1920-1986), paru en 1965. Pour les amateurs du genre, ce roman de science-fiction (ou, pour les puristes, ce "space opera"), le plus vendu au monde, est un mythe.
Dune (qui sera suivi de cinq autres romans) nous transporte dans un avenir lointain, à la fois fascinant et inquiétant. En 10191 (non pas après Jésus-Christ, mais après la Guilde…), tout l’univers connu est gouverné par l’Empereur-Padishah Shaddam IV, de la Maison Corrino. Jaloux du Duc Leto Atréides plus populaire que lui, il décide de lui tendre un piège: il lui donne Arrakis en fief, planète entièrement désertique – d’où son surnom "Dune" – et seule source de l’épice, substance qui permet aux navigateurs spatiaux de voyager sans risque d’une galaxie à l’autre. Jusque là, la récolte de la précieuse épice était confiée au sanguinaire Baron Vladimir Harkonnen, ennemi juré des Atréides… le Baron va reprendre le contrôle de Dune avec l’aide de l’empereur, et éliminer la Maison des Atréides.
Mais le fils du Duc, Paul, va parvenir à s’échapper. Doué de dons de préscience, il va préparer sa vengeance avec l’aide des Fremen, les hommes du désert profond, qui voient en Paul l’Elu annoncé par la prophétie…
Une intrigue cosmopolitique
A travers l’intrigue géopolitique (ou plutôt cosmopolitique…) complexe, Dune met en scène des personnages habités par des questions philosophiques et existentielles: l’univers a-t-il un sens? Un monarque qui connaît l’avenir peut-il développer un gouvernement parfait? Le roman contient également une critique de la religion, vue comme une manipulation des populations par les puissants.
Le film de Denis Villeneuve rend-il justice à ces différents aspects? Pas encore, oserait-on dire, mais bien qu’il dure près de deux heures et demie, il ne s’agit que d’une première partie… Par contre, les images sont impressionnantes de réalisme. Les personnages, pour la plupart, sont tout à fait crédibles. En particulier, dans le rôle principal de Paul Atréides, le jeune Franco-américain Timothée Chalamet. Etoile montante du cinéma mondial, il a notamment brillé dans le rôle "shakespearien" du roi Henri V (The King, 2019). Et si le réalisateur prend inévitablement quelques libertés par rapport au livre, celles-ci contribuent à rendre le film tout à fait compréhensible pour les non initiés, malgré la complexité du scénario.
En ce sens, Villeneuve fait mieux que David Lynch qui, en 1984, avait proposé une première adaptation, plus mystique, de l’épopée. Le "grand échec" de la carrière de Lynch, selon ses propres termes, mais qui n’a pas empêché son film de devenir "culte". L’avenir dira si le Dune de 2021 emportera la même adhésion des "fidèles" de Paul Muad’Dib, le messie d’Arrakis…
Christophe HERINCKX