Au cœur de nos régions, certains petits édifices religieux se dégradent, même quand les passionnés alertent les autorités locales. C’est le cas en bordure du canal de Stambruges pour la chapelle Notre-Dame du Buisson.

La plus ancienne chapelle de Stambruges, dans l’entité de Belœil, est en danger. « Quand elle sera à terre, il sera trop tard« , répète Sabine Delplanque, la voisine qui se mobilise pour faire avancer ce dossier. Cette chapelle Notre-Dame du Buisson est située au cœur de la forêt de Stambruges, et le long du canal qui relie Ath à Blaton. Sur le fronton, il est indiqué qu’elle date de 1701. D’après la légende, elle aurait été dédiée aux amoureux.
Quand elle sera à terre, il sera trop tard.
Pour Sabine Delplanque, cette chapelle, tout autant que celle du calvaire située à côté du domicile familial, est une passion qui se transmet d’une génération à l’autre. Ses grands-parents puis sa mère s’en sont occupés pendant des années. Quand la génération précédente n’a plus pu s’y déplacer régulièrement, elle a pris le relais et vient régulièrement s’assurer qu’il n’y a pas de vols ou de dégâts. Depuis 6 ans, cette habitante native de l’entité a remarqué les problèmes de toiture de cette petite chapelle du Buisson. « Un arbre a poussé« , explique-t-elle, « ce qui a déplacé les tuiles et poussé une partie du plafond à l’intérieur de la chapelle. » Heureusement, elle avait obtenu que le toit soit bâché, au début de l’été. L’eau de pluie n’a donc pas pu inonder l’intérieur de l’édifice. Mais il reste en piteux état.
Qui décide quoi ?
Pour tout élément du patrimoine local qui nécessite des travaux, il faut habituellement trouver le propriétaire. Pour cette chapelle Notre-Dame du Buisson, comme pour les autres installées sur la forêt de Stambruges, elles relèvent de la propriété d’un collectif public. Les communes de Beloeil et de Saint Ghislain se sont associées à l’administration des Eaux et Forêts, ainsi qu’à la province du Hainaut pour gérer ce domaine indivis qui couvre plusieurs hectares. « Toutes les décisions sont prises lors d’une des réunions qui n’ont lieu que quatre fois par an« , constate Sabine Delplanque. Avec obstination avant chacune de ces grandes réunions, cette habitante riveraine de la chapelle alerte sur l’état des différents édifices. Une autre chapelle, dite de l’Arbre à loques ou Arconpuits, a pu être remise en état grâce à la mobilisation d’un groupe de personnes motivées pour fournir peintures, briques et autres matériaux pour des travaux raisonnables. Pour Notre-Dame du Buisson, les efforts devraient être plus importants et trop coûteux pour les bénévoles.

Sabine Delplanque reprend le récit des dégradations successives sur cette petite chapelle le long du canal : vol d’une statue, bris de vitres, porte d’entrée déformée… Cela fait mal au cœur à cette passionnée de l’histoire locale : « ceux qui habitaient le village ont pris le temps autrefois de construire ce lieu, de le décorer, d’y prier. Toute cette richesse du patrimoine devrait être transmise aux jeunes générations.« Et effectivement, comme le montre l’exemple de la chapelle Notre-Dame du Bois (à lire dans Dimanche n°29), les jeunes sont parfois prêts à donner leurs temps gracieusement.
Différents arguments sont avancés par les interlocuteurs rencontrés par Sabine Delplanque pour questionner l’utilité de ces travaux sur la chapelle du Buisson. Au vu des abus de certaines restaurations d’églises faites par des amateurs, les autorités communales se demandent s’il ne faudrait pas laisser les peintures initiales, pour ne pas risquer de recouvrir d’éventuelles dessins remarquables. Plusieurs personnes s’interrogent aussi sur l’utilité de préserver cet édifice, une chapelle, qui n’a pas de rentabilité visible. Et pourtant, que ce soit pour prier ou pour prendre un temps de pause au calme, les chapelles sont appréciées par les marcheurs et les familles traversant la forêt et se promenant sur le chemin. Le succès de ces lieux restaurés, dont ceux présentés cet été dans la série Cartes potales du journal Dimanche, le démontre. La gardienne de cette chapelle, Sabine Delplanque, fait donc appel aux bonnes volontés, pour du temps, du matériel ou un coup de pouce politique.
Anne-Françoise de Beaudrap
Photos (c)Sabine Delplanque