My Salinger Year est la chronique d’une écrivaine en herbe tout juste arrivée à New York. Un film rafraîchissant qui donne envie… de lire.

Dans les années nonante, Joanna, jeune femme passionnée de littérature, décide de quitter la Californie pour New York. C’est en effet dans la ville surnommée la Grande Pomme que tout se passe pour les amateurs de romans et de belles histoires. La jeune fille s’installe donc chez une amie et s’apprête à vivre la grande vie, comme ses idoles Francis Scott Fitzgerald et Paul Auster. Un jour, peut-être, parviendra-t-elle à être publiée, elle aussi. Car comme bien d’autres jeunes étudiants fraîchement diplômés Joanna écrit. Mais en attendant d’en faire son gagne-pain, elle doit trouver un boulot qui lui permettra de payer son loyer. Elle se dirige donc naturellement vers les maisons d’édition, qui refusent sa candidature. Joanna se tourne alors vers une agence qui représente des auteurs. Elle fait bonne impression sur la patronne, Margaret, qui l’engage, tout en lui précisant: « Les écrivains font les plus mauvais assistants ».
Qu’à cela ne tienne, Joanna va continuer à écrire en cachette sa poésie tandis qu’on lui demande de répondre aux lettres de fans d’un certain J.D. Salinger. L’auteur de L’arrache-cœur fait en effet partie du cheptel de l’agence. En bon ermite qu’il est, il refuse de répondre lui-même à son courrier. Joanna est donc chargée d’envoyer une réponse-type aux centaines de missives envoyées à l’agence, puis de les détruire. Au début, elle se plie aux consignes, puis une lettre attire son attention… La jeune femme ne résiste pas et répond à son auteur, en se faisant passer pour Salinger.
L’amour des mots
My Salinger Year, l’adaptation de l’autobiographie éponyme de Joanna Rakoff, nous fait suivre le quotidien de cette écrivaine en herbe fraîchement débarquée à New York. Autour de la trame principale se décline une grappe de petites intrigues secondaires qui composent un portrait léger. Au cours de son année comme assistante littéraire, Joanna rencontre évidemment un jeune auteur passionné qui rêve lui aussi d’être un jour publié. Elle apprend les rouages du métier, tout en s’adaptant au caractère particulier de sa boss. Une dame très classe, farouchement opposée aux ordinateurs.
Cette chronique, plus souvent drôle que sérieuse, offre une vision romantique de New York, avec ses petits cafés où les amis se retrouvent pour discuter des derniers récits dans lesquels ils se sont perdus. Elle répand des effluves agréables en jouant sur la nostalgie d’une époque où la modernité n’avait pas encore tout à fait révolutionné le monde de la littérature. On se prend au jeu, découvrant des petites anecdotes sur le monde de l’édition et les auteurs. Le film ne développe pas de grands sujets, ne provoque pas de débats mais se savoure comme une douceur sans prétention. Moins piquante que Le diable s’habille en Prada, cette plongée dans la vie d’une assistante nous laisse l’esprit détendu, avec une féroce envie d’ouvrir un bouquin.
Elise LENAERTS