Ce mardi 20 juillet, Monseigneur Delville présidait, en la cathédrale de Liège, une messe des défunts pour les victimes des inondations. Dans son homélie, il nous invite notamment à imaginer un « monde meilleur » qui soit « davantage basé sur une solidarité collective de l’humanité ».
« J’étais assez tendu ce matin car je sentais le poids des détresses peser sur mes épaules, mais je me suis détendu en cours de célébration car j’ai senti la force de l’Esprit Saint agir en moi, ce qui m’a permis de mettre dans les bras du Seigneur toutes nos épreuves. » C’est un évêque apaisé donc qui ressort de cette célébration forte en émotions. « Le but principal de cette messe était bien entendu la prière pour les défunts et les familles touchées par la perte d’un proche, mais j’ai aussi voulu évoquer les autres personnes qui ont été touchées matériellement et qui sont aujourd’hui désemparées, nous les avons aussi portées dans nos prières » souligne Monseigneur Delville.
La solidarité internationale fait chaud au cœur
Un évêque qui, ces derniers jours, a recueilli des témoignages dramatiques. « Le doyen de Verviers a vu, de sa fenêtre, une personne âgée qui appelait à l’aide et que personne n’a pu atteindre pour la sauver. Le lendemain, on l’a trouvée morte. C’est traumatisant. » Ainsi, de nombreux survivants sont durement affectés mais l’élan de solidarité est extraordinaire. « J’ai été frappé par l’aide apportée par des Français, des Italiens, des Autrichiens … cela montre aussi nos limites, que nous ne disposons pas du matériel ni des forces humaines pour faire face, mais cela est beau à voir, c’est émouvant et réconfortant » confie l’évêque liégeois. L’arrivée en masse de bénévoles venus de Flandre, des Pays-Bas, du Luxembourg, pour porter secours à la population liégeoise sinistrée, fait également chaud au coeur. Monseigneur Delville trouve également que le climat dans les rues a changé, une nouvelles convivialité, voire même complicité, semble naître entre les citoyens.
« Jésus nous invite à une attitude de confiance »
Dans son homélie, Mgr Delville évoque longuement l’épisode de la tempête dans l’évangile de Marc dont il fait un parallèle avec la détresse causée par les inondations. « Tous, nous avons été pris par la peur et l’anxiété durant cette interminable chute de pluie qui s’est abattue sur notre région et sur notre pays.
Nous nous sommes retrouvés comme les disciples de Jésus pris par la tempête sur le Lac de Galilée. Les disciples ont peur ; mais Jésus dort tranquillement. Ils le réveillent et disent : « Maître, nous sommes perdus. Cela ne te fait rien ? » Ce cri des disciples, cette peur face aux menaces de la vie, ce sont aussi les nôtres. Nous crions vers le Seigneur, nous le prions. Mais nous avons l’impression que le Seigneur ne nous entend pas. C’est comme s’il dormait. Pourtant Jésus se lève et il calme la mer et dit au vent : « Tais-toi ».
Jésus maîtrise le chaos qui menace nos vies. Il nous montre un chemin et nous invite à dépasser la peur : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ?, dit-il à ses disciples. N’avez vous pas encore la foi ? » Donc Jésus nous invite à une attitude de confiance, face aux épreuves de la vie ; une attitude de foi en lui. Il nous redonne confiance, il fait confiance à nos capacités de dépasser la peur et c’est pourquoi les disciples se disent : « Qui est-il donc pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » Les disciples découvrent en Jésus une force, qui est celle de sa nature divine. Mais il veut nous communiquer cette force, et c’est pourquoi il dit aux disciples : « N’avez-vous pas encore la foi ? » »
Reconstruire et penser à l’avenir
Ensuite, l’évêque liégeois évoque l’incroyable « vague » de solidarité dont il a notamment été le témoin quand il rendait visite aux sinistrés. « Je me suis rendu au Centre d’accueil des sinistrés à Grivegnée. J’ai rencontré un rescapé, il était reconnaissant pour l’aide qu’il recevait. En voyant la croix que je portais au cou, il me dit : « Jésus est le seul homme au monde qui ait aimé les autres à tout moment de sa vie sans exception ». Je me suis dit que c’était vrai et que Jésus nous insufflait son amour pour nous inspirer l’amour à notre tour, comme celui que déployaient les bénévoles du Centre d’accueil. »
Pour Mgr Delville, il s’agit maintenant de « reconstruire et de penser à l’avenir ». « Alors que nous avons encore la tête pleine de cris, de douleurs et de deuil, nous pouvons imaginer un monde meilleur, un monde qui soit davantage basé sur une solidarité collective de l’humanité. Car si nous sommes victimes de changements climatiques liés aux conséquences de la technologie, nous devons aussi construire une mondialisation de la solidarité et de la justice sociale. »
Propos recueillis par Sophie DELHALLE