Pendant le traitement du cancer du sein, l’activité physique est un rempart contre la fatigue et permet de renforcer sa tolérance à la chimiothérapie. Dans le dossier paru dans Dimanche n°14 (De l’épreuve à la Résurrection), vous découvrirez le témoignage de Rolande, ancienne malade qui a suivi cet accompagnement sportif.
Faire face à un cancer soumet le corps et l’esprit à d’importantes difficultés. Les effets secondaires du traitement sont également source de douleur et d’épuisement. Dans ce combat, pratiquer du sport peut aider à se sentir mieux mais aussi à davantage supporter le traitement. C’est ce qu’Ingrid de Biourge a contribué à mettre en place aux Clinques St-Luc à Bruxelles. Kinésithérapeute, elle accompagne les patients atteints de cancer dans leur activité physique. Si au départ, ces personnes viennent la voir sur conseil du médecin, son but est bien de leur prouver les bienfaits des exercices pour qu’ils trouvent une motivation personnelle à se bouger, même au-delà de leur maladie.
Il y a 10 ans, les Cliniques Saint-Luc commençaient à développer l’accompagnement physique dans le cadre du cancer de la prostate car les médecins constataient une fonte musculaire des patients suite à leur castration. En gagnant un projet de la Fondation contre le Cancer et avec le soutien de la Fondation Saint-Luc, Ingrid de Biourge a pu lancer le développement de l’activité physique dans le cadre du cancer du sein. La demande a rapidement flambé. Depuis, trois personnes sont en charge de l’Exercice Therapy, et la démarche est élargie à tous les cancers.
Supporter les traitements
Les bienfaits de l’activité physique varient en intensité en fonction des types de cancer. Pour le sein et le colon, il est prouvé scientifiquement que le sport a un impact sur la mortalité liée au cancer et le risque de récidive, une diminution à hauteur de 24% pour le cancer du sein. Il permet également de limiter les effets secondaires du traitement et d’améliorer la qualité de vie du patient. Outre la douleur, l’une des conséquences les plus répandues de la chimiothérapie est la fatigue. Or, seule l’activité physique peut améliorer les choses. « C’est un peu cruel parce que quand les patients viennent nous faire part de leur fatigue, c’est dur pour eux d’entendre qu’ils doivent se mettre au sport. En réalité, on augmente le potentiel physique de la personne pour que la fatigue ait moins d’impact dans son quotidien. » explique Ingrid de Biourge. Sur le plan physiologique, cela diminue les troubles anxieux et dépressifs qui peuvent survenir pendant la période de traitement.
Le diagnostic est le meilleur moment pour commencer l’activité physique. C’est là qu’il y a le plus d’incidence sur les questions de récidive et de survie mais c’est aussi le moment où le patient est le plus apte à démarrer des exercices. Cela permet ainsi de supporter les doses de chimiothérapie prescrites. « En tant que kiné, notre but est de maintenir le patient à son meilleur niveau physique pour lui permettre une plus grande tolérance au traitement. Or, on voit qu’il y a une meilleure tolérance au traitement chimio chez des patients qui ont une activité physique. »
Un accompagnement personnalisé
Les cours se pratiquent en groupe et permettent ainsi aux patientes de se soutenir mutuellement. Alors que le parcours des soins est relativement isolé, elles ont ici la possibilité d’échanger sur leur maladie ou leur vécu. « La dynamique de groupe est porteuse. Pendant les cours, on est dans la vie, le positif, la relation. Ce sont de véritables camarades de combat ».
Ingrid propose différents niveaux en fonction des patientes. En effet, le milieu hospitalier lui offre l’avantage de connaître le dossier médical de la personne, son traitement passé et à venir, les effets secondaires qu’elle subit. L’accompagnement est donc personnalisé, ce qui sécurise le patient. La kiné peut expliquer l’origine des douleurs, proposer des exercices pour y remédier ou référer au médecin en cas de symptôme qu’elle ne peut expliquer. Pour les patients qui ne sont pas ou plus sous chimio, des structures extra-hospitalières assurent une transition accompagnée entre l’hôpital et la maison. En effet, le but est de donner les clés des exercices aux personnes pour qu’elles puissent les poursuivre seules, même après leur maladie. Ainsi, elles sont accompagnées dans leur préparation du retour à la vie normale. Souvent, c’est l’occasion de motiver d’autres membres de la famille. Un rôle essentiel aux yeux d’Ingrid. « Les patients deviennent aussi des porte-paroles auprès de leur entourage pour les encourager à faire du sport car l’activité physique est aussi une aide préventive contre le cancer. »
Depuis 10 ans, l’Exercise medecine s’est développée dans la plupart des hôpitaux. Une véritable satisfaction pour Ingrid de Biourge : « C’est très porteur au niveau professionnel. Déjà d’un point de vue scientifique, je sais que ça peut aider. Et j’ai aussi des retours humains magiques car ce sont des patients que l’on voit minimum deux fois par semaine donc on les connait bien. Nous avons des échanges personnels puissants. » conclut-elle. Actuellement, les patients ont d’ailleurs droit à 48 séances remboursées en hôpital.
Sarah Poucet