Le Dicastère pour le service du développement humain intégral s’attaque aux vêtements liturgiques et impose l’écologie au clergé. Pour la planète, le pas est petit. Mais symboliquement, il est important !
« C’est un grand jour pour l’histoire de l’Eglise. Aujourd’hui, nous passons au vert ! » Les mots sont forts. Ils sont ceux du Dicastère pour le service du développement humain intégral, l’administration romaine notamment en charge des questions d’écologie. Et de fait, c’est une véritable petite révolution qui s’annonce : le Vatican invite son clergé à remplacer les aubes traditionnelles par des tuniques en matière biodégradable. Les étoles et chasubles, quant à elles, devront dorénavant être confectionnées au moyen de colorants naturels (de préférence des épinards, des betteraves et des framboises). « Bien sûr, ce n’est pas cela qui va sauver la planète », explicite le Dicastère. « Mais le geste a une portée symbolique forte. Aujourd’hui, la préservation des générations futures est une priorité absolue. »
La réponse à un « dubium »
Le texte ne sort pas de nulle part. Si le Dicastère s’est ainsi positionné sur le sujet, c’est en réponse à un « dubium » qui lui a été adressé. Des catholiques allemands se sont en effet adressés au Vatican pour demander si « en 2021, il était encore acceptable de porte des aubes fabriquées avec du coton cultivé avec pesticides, engrais chimiques et OGM, et de tolérer des systèmes de coloration posant de vraies questions sur le plan éthique ».
Dans son « responsum », le Dicastère se positionne donc clairement. D’après des sources concordantes, c’est toutefois sur un plus petit dénominateur commun que les membres de ce « ministère » romain seraient parvenus à se mettre d’accord. D’autres propositions, autrement plus ambitieuses, se trouvaient également sur la table. Ainsi, certains membres souhaitaient transformer l’actuel système de couleur liturgique, et faire calquer chacune des quatre couleurs sur les quatre saisons. « Parce qu’aujourd’hui, tout doit être de saison ! », aurait plaidé un clerc particulièrement progressiste. D’autres auraient souhaité s’attaquer à la théologie de l’agneau, et voulu remplacer, dans les textes liturgiques, chaque allusion à l’animal par des mentions de « galettes végétales ».
« Un encouragement et une reconnaissance »
Les réactions n’ont pas tardé. Notamment chez nous. Pas surprenant : notre pays est bien connu pour la production de sa betterave. Certains maraîchers catholiques n’ont ainsi pas manqué de faire déjà offre. « Ce serait un honneur pour moi de pouvoir mettre mes betteraves au service de la liturgie », témoigne Jean-Henri, petit agriculteur installé du côté de Jodoigne. « Dans la phase de production, très souvent, nous ne savons que faire du jus. Cette ouverture de l’Eglise devrait nous permettre de l’utiliser. Pour moi, le profit serait triple : je pourrais réduire mes déchets, faire de juteux profits et donner plus de sens à mon travail. »
Du côté de la hiérarchie, on s’est empressé de saluer un geste « qui va dans la bonne direction ». « Dans nos communautés, de nombreuses initiatives existent déjà, visant à préserver les ressources de la planète. Ce geste du Vatican est un encouragement et une reconnaissance », ont réagi les évêques de Belgique dans un communiqué.
Concrètement, les changements seront instaurés de manière progressive. Les premières tenues ne devraient pas être disponibles avant le 1er avril 2023. Et ce n’est que le 1er avril 2025 que les anciennes ne seront plus autorisées.