Voici plusieurs semaines déjà que cette « affaire » agite le Landerneau politico-culturel montois, et même un peu wallon ! Oui ou non ces derniers mois des « interventions d’entretien » sur des œuvres d’art faisant partie du patrimoine classé de la Collégiale ont-elles provoqué des dégâts irréversibles sur ces pièces ?

Intérieur de la Collégiale Saint-Waudru (Mons) – Wikimedia Commons
Soucieuse de disposer de l’ensemble des expertises et autres enquêtes menées sur l’état, aujourd’hui, de divers éléments du patrimoine classé de Sainte-Waudru, la fabrique de cette église vient de rendre public son premier communiqué officiel dans le cadre de cette « affaire ». Bien que ne détenant toujours, à la date du 11 février, aucun rapport officiel définitif des instances saisies -dont celui, très attendu, de l’Institut Royal du Patrimoine Historique/IRPA- la fabrique, qui se dit au passage victime d’un « véritable lynchage médiatique », souhaite clarifier certains faits.
Défaut de contrôle assumé
A la lecture de ce long communiqué, les fabriciens de la Collégiale reconnaissent qu’ « un ouvrier a réalisé des petits travaux d’entretien dépassant ce qui est réalisé habituellement et que, en toute bonne foi, croyant bien faire, les opérations de nettoyage et de dépoussiérage ont été poussées trop loin. » Plus loin : « La fabrique d’église assume totalement la responsabilité du défaut de contrôle de ces interventions intempestives qui n’avaient fait l’objet d’aucune autorisation ni avis de la part des autorités patrimoniales. Elle a manqué de vigilance. Elle regrette vivement l’erreur commise et la situation qui en résulte. » Conclusion : « Elle (ndlr : la fabrique) prend dès à présent les mesures nécessaires pour qu’un tel incident ne puisse se reproduire. Toute intervention dans la collégiale devra désormais faire l’objet d’une décision formelle du Bureau des marguilliers et obtenir les autorisations préalables requises. »
Contre-attaque
Après l’aveu et la repentance, la contre-attaque : « La fabrique a été choquée par les méthodes utilisées par le jeune lanceur d’alerte (ndlr : Virgil Declercq, président de l’asbl Communauté Historia) qui s’est présenté notamment auprès de l’ouvrier, sans aucune légitimité, comme délégué de la ministre (ndlr : Valérie Debue, minstre wallonne MR en charge notamment du Patrimoine), allant même jusqu’à « exiger » la remise des clefs de la sacristie ! Il s’est également présenté comme tel aux représentants de l’AWaP et de la fabrique. Il est rappelé que l’usurpation de fonction est pénalement punissable. »
La fabrique paiera
Au-delà d’une éventuelle suite… pénale à cette « affaire », reste donc à attendre maintenant le contenu complet des divers rapports qui attesteront (ou non) de la gravité des dégâts causés à certains éléments du patrimoine classé de la Collégiale. Rappelons enfin que la fabrique, par la voix de son président Pierre Dufour, a fait clairement savoir qu’elle assumerait, directement, la totalité des dépenses liées à la restauration des œuvres d’art endommagées.
Hugo Leblud