
A Chassepierre, Saint-Martin a les exigences d’une église classée, au cœur d’un des plus beaux villages de Wallonie.
Cent fois sur le métier… Le village de Chassepierre, parmi les plus beaux de Wallonie, se mobilise une nouvelle fois pour son église classée. Dans la foulée, le conseil communal part en commission cultuelle pour inventorier tous les chantiers à mener.
Chassepierre, que chacun connaît pour son célébrissime festival des arts de la rue. Du grand art. Marc Poncin, qui en est le président depuis la nuit des temps, cumule volontiers, quasi depuis qu’il est en âge de siéger, avec un mandat politique, basculant de conseiller à échevin, et vice-versa, au gré des coalitions. Marc Poncin, CDH quoiqu’originellement tenté par le courant libéral, prêche une nouvelle fois pour la remise en état de l’église qu’il affectionne, Saint-Martin, juchée entre bourg et Semois. Il donnerait jusqu’à sa barbe pour le charme et la beauté de son village.
L’autre jour, devant la nouvelle maire Caroline Godfrin (MR), qui succède à Jacques Gigot décédé en novembre 2020, est donc revenue à la charge pour que soit rendu à l’église Saint-Martin son lustre d’antan.
L’échevin compétent, PS lui, Philippe Lambert, n’en sort plus. Déjà 150.000 euros prévus dans un précédent budget, communal mais jamais exécuté. Juste un début? Chaque fois qu’on lui parle de travaux, la liste s’allonge, autant que les prix. Et puis, contrairement à ce que pensent les fidèles, il n’y a pas que Chassepierre au monde.
Cela dit, chacun convient qu’une église classée, de même que le cimetière environnant, mérite toute l’attention. D’ailleurs, l’évêché de Namur opine depuis novembre 2003, lorsque la commission diocésaine d’art sacré était descendue sur les lieux. Elle s’était déjà attardée sur la fraîche rénovation réussie des autels et statues – tout en polychromie – exécutée par un artiste du cru, Louis Lecomte. Elle imaginait que soit dégagée la chaire, héritage de l’ancienne abbaye d’Orval. Elle demandait un maximum de sobriété dans l’ornementation et le fleurissement. Elle repoussait l’idée d’un enduit mural qui soit d’une « régularité mathématique » lui préférant la méthode visant à les réparer sans vouloir les « corriger sèchement ». « A cause de son mobilier, l’église a besoin d’une peinture calme et discrète », soulignait déjà l’évêché.
Marc Poncin, qui prend volontiers le relais de la fabrique d’église, pousse l’analyse au-delà de l’exercice du culte, rappelant que Saint-Martin, du haut de son clocher bulbeux, surveille un village à la vocation touristique et culturelle. Déjà, de longue date, l’ancien presbytère a emprunté cette voie. Autant que, dans ses entrailles, le Trou des Fées, creusé dans le tuf calcaire – le cron selon l’appellation gaumaise – qui se confond avec ses caves.
Dans cet esprit, le représentant s’engouffre dans l’espace ouvert par la commission diocésaine: « remplacer l’actuelle porte intérieure par une porte vitrée » qui, par ce coup d’œil, mettrait en valeur l’édifice.
L’élu local souhaite aussi un petit musée sur le jubé dans l’espace derrière l’orgue. Ou encore placer, entre nef et sanctuaire, l’ancienne balustrade du banc de communion remisée dans la poussière depuis le concile de Vatican II. S’ajoutent des travaux d’électricité, de sonorisation dans le cadre d’éventuels concerts, de réparation de vitraux, stigmates d’un cambriolage. Un pronostic a minima: plus de 500.000 euros.

Marc Poncin donnerait jusqu’à sa barbe pour le bien de son village
Selon l’échevin, le chantier débuterait en 2022, grâce aussi aux aides publiques habituelles. Marc Poncin se fait fort de décrocher d’autres aides eu égard au statut envié de Chassepierre. Le mécénat entre également dans la ronde.
En attendant, une commission, à composer encore, suivra son chemin de croix, passant de village en hameau, d’église en chapelle, pour envisager les rénovations et entretiens indispensables. Un calvaire? Pas partout. Paradoxe, un incendie (2005) a aidé Muno à la restauration de son église, Saint-Martin aussi, rouverte à l’automne 2016. Dans les prochaines semaines une véritable toiture d’ardoises remplacera une vieille bâche bleue, sur la chapelle dédiée à Saint-Donat, aux portes du village de Sainte-Cécile.
L’échevin du culte prévoit la rénovation de la chapelle classée de Martué Saint-Roch, dès septembre de cette année-ci. Ici aussi, l’auteur de projet prévoit une porte vitrée. L’ardoise dépassera les 200.000 euros, plus TVA, dont près de la moitié de subsides. Le bel édifice ombragé par l’arbre séculaire, a également convaincu un mécène, le même qu’à Chassepierre, d’apporter son écot, de 70.000 euros.
Mais Fontenoille ? Pour l’heure, paroisse et commune ne savent trop que faire de l’église Saint-Georges, fermée depuis 20 ans. A vendre? Ça discute dans le landerneau.
Michel PETIT
Crédit photo: Michel Petit