L’année 2020 a vu se creuser le fossé entre les milliardaires et les plus pauvres de la planète. Les femmes et les personnes de couleur font partie des premières victimes économiques de la pandémie, selon un rapport d’Oxfam.
La tenue du forum économique mondial à Davos donne souvent lieu à des publications d’ONG alternatives qui font entendre un autre point de vue. C’est le cas pour ce rapport produit par Oxfam sur base d’un sondage entrepris auprès de 295 économistes à travers le monde (79 pays exactement). Parmi les multiples contributions, quelques noms réputés y ont répondu comme Jayati Ghosh (économiste indienne), Jeffrey Sachs (consultant pour les Nations Unis) et Gabriel Zucman (français, spécialiste des inégalités sociales). 87 % des répondant-e-s ont déclaré s’attendre à ce que les inégalités de revenus dans leur pays s’intensifient ou s’intensifient fortement du fait de la pandémie.
En s’appuyant sur de nombreuses statistiques fournies par la Banque mondiale, l’Organisation internationale du Travail ainsi que les Nations Unies, l’organisation non-gouvernementale Oxfam conclut que « Les inégalités risquent d’exploser et le coût humain en serait terrible« . Les faits sont marquants : les milliardaires les plus fortunés de la planète ont retrouvé leur niveau de richesse dès le mois de décembre, soit à peine neuf mois après le début de la pandémie. A l’inverse, il faudra 14 fois plus de temps aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques du coronavirus, soit plus d’une décennie.
Quel choix pour l’avenir ?
L’inégalité est d’autant plus criante que les moyens accumulés par les personnes riches pourraient financer les soins et la lutte contre la pauvreté dont ont besoin la part fragilisée de la population. Parmi l’ensemble des travailleurs, les personnes racisées et les femmes ont payé le prix fort à cause de ce virus. En effet, les secteurs économiques où le chômage technique et les pertes d’emploi ont été les plus importants, sont aussi ceux qui emploient le plus de femmes. Dernier aspect pointé par le rapport d’Oxfam : au Brésil ainsi qu’aux États-Unis, les personnes de couleur ont davantage de risques d’être atteintes par la COVID-19 que les personnes blanches, puisqu’elles vivent dans des conditions plus insalubres, elles travaillent dans des secteurs à risque et n’ont pas le même accès aux soins hospitaliers notamment.
L’analyse menée grâce aux contributions de ces 295 économistes confirme ce que dit Lúcia Maria Xavier de Castro, assistante sociale et défenseure des droits humains au Brésil : « La pandémie de coronavirus a mis en lumière les risques découlant du sous-financement et de la marchandisation des systèmes de santé, du manque d’accès à des services d’eau et d’assainissement, du travail précaire, des différences en matière de protection sociale et de la destruction de notre environnement. » Oxfam conclut en rappelant qu’ « une nouvelle donne est possible« . D’après les calculs de la Banque mondiale, si les pays interviennent sans attendre pour réduire les inégalités, la pauvreté pourrait redescendre à son niveau d’avant la crise en seulement trois ans, contre plus d’une décennie sans action immédiate. Encore faut-il faire le choix de la solidarité et de la lutte contre les inégalités…
AF de Beaudrap