Vingt-deux heures par jour en cellule, et sans visite de la famille, c’est ce à quoi les détenus sont réduits pour raisons sanitaires. Pendant quinze jours, à l’occasion des Journées nationales des prisons, des associations sensibilisent à cette réalité, dont l’aumônerie des prisons.
Imaginons une ville de 10.000 habitants doublement confinée. C’est ce que représentent les prisons en Belgique: 10.883 personnes sont incarcérées (selon les chiffres de décembre 2019) qui sont donc privées de liberté suite à une condamnation, mais aussi restreintes dans leurs droits en raison des conditions sanitaires. Cette année 2020 a occasionné des réorganisations successives pour les visites des familles auprès des personnes détenues. Avec le premier confinement en mars, l’entrée des proches en prison a été supprimée, puis progressivement remplacée par des rendez-vous vidéo par internet. « L’avantage de ces conversations vidéo, relève Geneviève Frère qui est aumônière à la prison de Saint-Gilles, c’est que les détenus ont pu parler en direct avec les personnes âgées de leurs familles qui, habituellement, ne pouvaient pas faire le déplacement vers les prisons. D’autres ont eu la possibilité de voir l’environnement dans lequel leur enfant grandissait. » Mais la proximité physique a fait défaut. Ce n’est que cet été que les visites en prison ont été à nouveau autorisées, en assurant toutes les conditions pour que les personnes venues de l’extérieur ne risquent pas de contaminer les prisonniers (vitres en plexiglas et nombre de visiteurs limité par exemple). La phase deux du confinement vient à peine de commencer, et avec elle la reprise des vidéo-rencontres entre les prisonniers et leurs familles. « Les personnes détenues sont dans l’angle mort politique », constate Geneviève Frère.
Du 20 novembre au 6 décembre
L’aumônerie des prisons participe chaque année, avec d’autres organisations et associations pluralistes aux Journées nationales de la prison, une opération destinée à stimuler le débat autour de la situation carcérale. En dépit des circonstances, ces journées auront bien lieu cette année, du 20 novembre au 6 décembre, mais sous une forme allégée. Le témoignage des personnes détenues pourra parvenir au reste de la population grâce à une captation vidéo qui circulera sur les réseaux sociaux. Pendant ces journées, les habitants de Bruxelles et de Namur auront aussi l’occasion d’expérimenter la « prison walk », un circuit coronaproof élaboré autour des établissements carcéraux sur le mode des promenades dans le préau. C’est la seule sortie à l’air libre autorisée aux personnes détenues qui passent plus de 22 heures par jour en cellule. Chacun peut emprunter ces circuits et, sur base d’un QR code, entendre le témoignage vidéo d’une personne en prison ou écouter un poème lié à la situation carcérale. Une affiche récapitulative de ces différents circuits de promenade est disponible sur simple demande pour les écoles ou les familles. Après avoir pris conscience de la réalité de l’enfermement carcéral, certains pourraient voir les limites de la comparaison entre confinement et incarcération. Etre confinés permettra peut-être de prendre le temps d’une action solidaire vers les prisonniers, comme d’écrire une lettre, faire un dessin, etc.
Anne-Françoise de BEAUDRAP
Programme sur le site www.jnpndg.be
photo: © Jean-Louis Masson