Que diriez-vous d’entrer sous la tente de Zayed bin Sultan Al-Nahyan pour l’écouter conter son histoire, celle du pays du Père de la Gazelle et des pêcheurs de perles?
D’emblée, on sent que l’invitation nous enchantera car il annonce avoir « mille ans de souvenirs » à partager. C’est donc un merveilleux conteur qui pratique la poésie des sables qui se présente sous la plume de Gilbert Sinoué: Cheikh Zayed.
C’est en juillet 1966 que Zayed reçoit le pouvoir de sa tribu de Bédouins avec la bénédiction des Anglais. Dans ce pays de tentes et de dattes, l’or noir est en train de surgir, annonciateur d’une manne qui va lui permettre de porter son pays sur l’échiquier mondial. Ce grand passionné de fauconnerie choisit de s’entourer de spécialistes étrangers car le monde arabe n’a alors que des chameliers, des pêcheurs et des marchands à offrir.
Avec son urbaniste, le cheikh se révèle un véritable visionnaire: il insiste pour que chaque famille ait son jardin, que les maisons forment des petits quartiers de sept, que les palmiers dattiers qui borderont les avenues soient choisis pour leur petite taille – il faut que la cueillette soit aisée. Il veut des fermes (5.000 en 1977, 20.000 à la fin du siècle) et surtout, de l’eau!
Ses priorités sont claires: sécurité (nationale et internationale), santé (hôpitaux, médecins), éducation. Pour les enfants, il accorde une indemnité aux parents qui compense les rémunérations qu’ils leur rapportaient. Garçons et filles iront à l’école, un établissement à proximité de chez eux. Sa mère et surtout Fatima, sa troisième épouse de 25 ans sa cadette, sa véritable muse, insisteront pour que les femmes et les filles ne soient pas oubliées.
Fondateur des Emirats arabes unis, Zayed fut une personnalité exceptionnelle, dotée d’une véritable vision et d’une certaine ouverture au monde. Nous le découvrons au travers d’un beau roman et c’est tant mieux car ce conte nous transporte sous une tente, là où on se laisse bercer par les belles histoires.
Geneviève IWEINS,
Siloë Liège
Gilbert Sinoué, « Le Faucon », Gallimard, 2020, 20€ (+ frais de port 5,80€) – Remise de 5% sur présentation de cet article.