Depuis 2015, le Service public de Wallonie peut décerner le label « Cimetière nature » aux sites qui se distinguent par leur gestion écologique. Où en est-on? Combien de cimetières se sont engagés dans cette démarche? Quels bénéfices pour l’homme et l’environnement?
Dans quelques jours, nous serons nombreux à nous rendre sur les cimetières pour fleurir nos défunts. Certains auront peut-être noté que ces lieux où reposent nos disparus sont, par endroits, de plus en plus habités par une faune et une flore locales. Favoriser la biodiversité en privilégiant la végétalisation des espaces et en misant sur une bonne gestion de l’eau et des déchets, c’est la démarche adoptée par de nombreuses communes pour accueillir la vie dans les lieux de recueillement et de prière que sont nos cimetières.
Les grandes villes wallonnes favorisent la nature dans leurs cimetières
En Wallonie, on compte 3500 cimetières répartis sur les 262 communes du sud du pays. Presqu’un tiers de celles-ci ont obtenu le label « Cimetière nature » pour l’ensemble ou une partie de leurs sites. Les grandes agglomérations ne font pas exception. A Namur, détentrice du label depuis 2015, 18 cimetières sont ainsi distingués pour leur gestion environnementale, couvrant une superficie de 2328 ares. A Liège, quatre cimetières sont labellisés mais pour une superficie quatre fois supérieure (8454 ares). Tournai, Mons et Charleroi, plus récemment, ont également obtenu le label. La situation est très variable selon les communes. Tandis qu’une ville comme Jodoigne compte 11 cimetières ayant reçu le label sur 13, Villers-la Ville n’en compte qu’un seul sur les sept présents sur son territoire. Sur toute la Wallonie, près de 200 cimetières ont ainsi été certifiés nature.
Quels sont les critères pour l’obtention du label ?
Pour qu’un cimetière puisse prétendre afficher ce label, il doit répondre à une série de critères comme :
- la végétalisation la plus importante et variée possible au vu des contraintes de l’endroit (parking, abords extérieurs) ;
- le développement de la biodiversité via la présence de plantes indigènes, la création d’une pièce d’eau naturelle ou le placement de nichoirs ;
- la lutte contre les espèces invasives ;
- la meilleure gestion possible de l’eau, des déchets et du bruit ;
- l’installation d’espaces de recueillement agréables et naturels
- la valorisation du patrimoine

Depuis 2015, plus de 80 communes wallonnes ont obtenu le label « Cimetière nature » (DR)
Il s’agit d’un label évolutif à 3 niveaux, basé sur la philosophie des petits pas. Le premier niveau de labellisation se veut accessible et requiert essentiellement une motivation réelle concrétisée par quelques réalisations sur le terrain. Un système qui se veut souple et ouvert avec une liste de bonus, offrant aux communes la possibilité de solliciter une labellisation « à la carte » adaptée à leurs réalités. Les niveaux 2 et 3 impliqueront des réalisations progressivement plus conséquentes.
Les communes peuvent demander différents subsides pour l’aménagement des cimetières
Pour respecter ces engagements, les communes peuvent solliciter toute une série de subsides et notamment via le Plan Maya. En contribuant au maintien d’un réseau d’espaces propices à la vie des abeilles, les communes contribuent également au développement d’autres pollinisateurs et favorisent donc la biodiversité.
D’autres types de subsides sont également disponibles pour soutenir l’aménagement des « cimetière nature ». Citons par exemple les subsides de la semaine de l’arbre qui permet d’obtenir desplantspour des projets de plantations en Espaces Verts Publics ou un soutien financier pour l’aménagement d’Espaces Verts : plants, semences, fourniture, mares, panneaux didactiques, hôtels à insectes, …

(c) PNVA
Dans le Parc naturel de l’Attert, les abeilles ont fait leur nid dans les allées du cimetière
En 2018, le Parc naturel de la Vallée de l’Attert prenait en charge la gestion écologique de deux cimetières du territoire. Ces deux cimetières ont un sol sableux car ils sont situés au pied de la première cuesta de Lorraine. C’est un milieu rare et très intéressant pour toute une série d’insectes et de plantes. Il s’agissait donc de concilier entretien des cimetières pour la population et protection des populations d’insectes notamment des nombreuses bourgades d’Abeilles lapins qui ont élu domicile dans le sable des allées.
Le public est informé et sensibilisé à l’importance de protéger les espèces
Des panneaux explicatifs ont été placés à l’entrée des deux cimetières gérés par le Parc naturel de la Vallée de l’Attert. A l’intérieur, des petits pupitres donnent des informations sur la faune (l’Abeille lapin, les abeilles terricoles, la Cicindèle hybride) et la flore (la Canche caryophylée) que l’on peut y découvrir. Des efforts qui ont justement été récompensés par l’octroi du label « Cimetière nature » pour Tattert et Tontelange et qui ont surtout permis à la population d’insectes de se maintenir.
S.D.