La religion n’est plus à la mode, dit-on, et pourtant vous voulez vous marier à l’église, vous engager devant Dieu. Pourquoi donc? Sans doute avez-vous ce sentiment qu’il y a en vous plus que vous-mêmes, mais vous hésitez à utiliser le mot Dieu. Vous lui donnez un autre nom, celui d’énergie, par exemple, car vous percevez en vous une force plus grande que vous. Ou bien devinez-vous parfois une présence qui vous enveloppe et vous protège. Ou encore découvrez-vous en vous-mêmes un appel à aller plus loin, à aimer davantage, et en vérité.
En vous disant oui l’un à l’autre, en vous donnant l’un à l’autre, vous dites oui à Dieu et vous vous donnez à Dieu. Puissé-je vous aider à découvrir l’amplitude insoupçonnée que prend ainsi votre vie. N’hésitez dès lors pas à demander à Dieu son aide, sa bénédiction. Vous le ferez le jour de votre mariage, lors de la prière des époux. Faites-le aussi chaque jour, n’attendez pas que le chemin soit plus difficile. N’ayez crainte! Il ne viendra pas se surajouter à votre couple comme un gêneur! Il est la source toujours fraîche de votre amour et l’océan vers lequel vous cheminez.
La symphonie cosmique
Se marier à l’église en ces temps où tout est privatisé, les entreprises publiques, la religion, l’amour… c’est aussi avoir conscience, fût-ce implicitement, que votre engagement ne concerne pas que vous. Il a à voir avec la communauté chrétienne, la société tout entière et même l’univers. Vous osez croire que la mélodie unique de votre couple complète la symphonie cosmique et que vous contribuez à la réussite du rêve de Dieu concernant sa création, à l’avènement d’un monde d’amour.
La clef de la partition, c’est donc l’amour, un mot qui a bon dos! Mais vous avez certainement compris qu’il n’était pas que sentiments, qu’il doit se mettre dans les actes. Au début, ceux-ci sont spontanés, car on est amoureux. De temps en temps, il faut quand même se forcer, faire passer le désir de l’autre avant le sien. Puis un jour, vous découvrirez que l’autre est devenu le centre de votre vie, qu’il vous a désencombrés de vous-mêmes.
Appel à témoin
Mais pourquoi avez-vous contacté un prêtre? Certains font le choix d’une cérémonie entre amis et parents et vous, vous faites appel à moi, que vous ne connaissiez peut-être pas. Je ne suis pas un druide qui disposerait d’une potion magique. Je suis un simple témoin. Témoin de l’engagement que vous allez prendre. Le mariage, en effet, n’est pas seulement une belle fête pour votre amour. Témoin également de Jésus Christ. Car Dieu n’est pas muet. Il a pris la parole au cœur de notre histoire, en la personne de ce prophète de Galilée. Je voudrais tant vous mettre à l’écoute de son message.
Vous avez aussi souhaité qu’il y ait une eucharistie. Jadis, on lui donnait le nom de "fraction du pain", en mémoire de ce geste de Jésus la veille de mourir, de son engagement à aller jusqu’au bout. De cela encore, je suis le témoin. Il y a un lien entre votre engagement et le sien. Aimer, c’est toujours "se mourir" un peu. L’audace chrétienne consiste à dire que là est le chemin de la vie et que Jésus est le compagnon invisible de notre randonnée terrestre, qu’il demeure notre confident, un ami qui nous invite à garder l’horizon comme point de mire.
En communiant au Christ
En communiant au Corps et au Sang du Christ, laissez-vous emporter par cet amour et communiez l’un à l’autre. En espérance, vous vivrez déjà de cette unité vers laquelle tendront toutes vos étreintes. Oui, il est possible de devenir nourriture l’un pour l’autre, tout comme le Christ est devenu pain vivant de l’homme.
Consentez donc à ce mouvement d’amour que Jésus est venu inaugurer et que s’ouvrent vos frontières. Prenez votre vie en mains. Offrez-la à celui, à celle que vous voulez chérir et dites-lui avec Jésus: "Ceci est mon corps donné pour toi comme un pain". Vous découvrirez qu’il existe un rivage où l’amour embrase tout. Vous y accostez déjà en communiant à Jésus vivant pour toujours!
Charles DELHEZ sj