Le festival de Cannes n’a pas eu lieu cette année, pour cause de pandémie. Mais le festival a tout de même tenu à soutenir le cinéma en dévoilant la liste des films qui devaient normalement faire partie de la sélection officielle de cette édition 2020. Parmi ceux-ci, le film français Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret. Ce représentant de choix du cinéma français devrait plaire aux amateurs d’histoires reposantes et de promenades champêtres.
Cette chronique amoureuse s’ouvre sur une maison à la campagne. Une jeune femme enceinte, Daphné, accueille Maxime, le cousin de son compagnon, François, absent pour son travail. En attendant qu’il revienne, elle aide leur invité à s’installer et entame la conversation. Maxime commence alors à lui raconter ses derniers déboires sentimentaux. Quelques mois auparavant, il a revu une fille extraordinaire avec laquelle il a entretenu une liaison il y a des années. La complicité est immédiatement revenue. De son côté, du moins, car la jeune fille est rapidement tombée dans les bras d’un de ses amis. Cette situation déjà assez perturbante est allée un cran plus loin quand ils lui ont proposé d’emménager avec eux dans leur grand appartement parisien. Très docile, Maxime n’a pas osé dire non…
Place au dialogue
Il interrompt son récit à ce moment-là. Daphné commence alors le sien. Il y a peu de temps, elle a rencontré François alors que celui-ci était marié à une autre. Au départ réticente, elle a fini par tomber amoureuse de cet homme très doux, complètement subjugué par sa beauté. Au fil de leurs confessions, Maxime et Daphné apprennent donc à se connaître. Leurs échanges servent essentiellement à parler de l’amour, de ses effets et des choix qu’il implique. A l’instar de son titre, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, est un film aux longues phrases. Les dialogues tiennent une place centrale. Très bien écrits, ils nous font entrer dans la vie sentimentale de ces trois jeunes gens comme des observateurs.
Nous ne sommes pas complètement passifs pour la cause. Le cinéma et son pouvoir d’identification nous font remonter dans nos propres souvenirs qui entrent en résonance avec les événements vécus par le trio. Le réalisateur, Emmanuel Mouret a déjà montré qu’il était capable de parler d’amour. On lui doit notamment Mademoiselle de Jonquière, L’Art d’Aimer, Une autre vie. Il poursuit donc son exploration de la passion, de son essoufflement, des hésitations, jalousies et prises de conscience. Il filme ici avec beaucoup de délicatesse les visages de ses acteurs. Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne et Emilie Dequenne apportent chacun les nuances que nécessite l’interprétation du sentiment amoureux. On ne se range jamais d’un côté ou de l’autre. Chacun ayant quelque chose à défendre, des secrets et des failles. Ces discussions sont parfois un peu longuettes, mais sont toujours amenées avec énormément de justesse.
Elise LENAERTS