
(c) Cathobel
Mesvin, le nom est peut-être connu des chrétiens du Hainaut, voire au-delà. Cette commune de la périphérie montoise accueille l’un des lieux importants du diocèse de Tournai. Un petit bout de campagne au cœur de la ville.
Quand Monique et Vincent Minet accueillent sur le perron d’entrée de la maison diocésaine de Mesvin, le sourire est au rendez-vous. Tous deux sont heureux de recevoir une visite après plusieurs mois de confinement. Ce lieu qui rassemble de nombreuses salles de réunion, une chapelle et un espace pour se restaurer résonne habituellement de bruits de pas, de conversations et même des chants qui remplissent les airs. Le changement le plus marquant se voit dans le parc derrière la maison diocésaine. Lorsque les réunions et conférences ont lieu, les participants s’aèrent à chacune des pauses dans les cinq hectares boisés. Mais le jour de notre reportage, nous avons eu le droit à une visite privée, guidée par le jardinier spécialiste de cet entretien, Vincent Minet. « Depuis la mi-mars, j’ai eu le temps de bien entretenir le jardin« , confie-t-il en racontant avoir redressé certains chemins, coupé les branchages et récolté le thym qui peut contribuer à de belles tisanes… Cet espace verdoyant qui aboutit sur un ensemble d’arbres de plus en plus touffus représente l’un des atouts qui laisse à tout visiteur un bon souvenir de son passage à Mesvin.
Le couple qui gère la maison diocésaine aidé par quelques employés et des bénévoles a fait le choix depuis longtemps d’adopter une démarche respectueuse de l’environnement. Le produit désinfectant, par exemple, qui est très utilisé en ces temps de précaution sanitaire, est réalisé sur base d’ingrédients naturels et d’une recette maison. La composition des menus pour le repas des personnes qui mangent le midi suit, autant que possible, les fruits et légumes de saison. L’équipe de Mesvin participe donc à l’élan Laudato si’ même avant que l’encyclique sociale de François n’ait été publiée. Toutefois, ce soin écologique n’est pas tant mis en avant que le sens de l’écoute et de l’accueil bienveillant. « Ce sont mes frères et sœurs qui viennent ici« , constate Monique Minet en faisant allusion à la grande fraternité humaine. Faire attention à toutes leurs demandes, « pour moi ce n’est pas un travail mais une mission! » Ce lien fraternel entre les gestionnaires de la maison diocésaine et certains prêtres ou habitués du lieu s’est poursuivi sous une autre forme pendant la période printanière de confinement. « Nous prenions des nouvelles les uns des autres par téléphone« , confirme Monique Minet.
En communion avec la nature
Son mari explique la place spécifique de Mesvin au sein du Hainaut: « c’est le cœur du diocèse. Avec toutes les réunions et les temps de prière qui se déroulent ici, ce lieu est un condensé de ce qui se vit dans les autres paroisses« . La bâtisse située en périphérie de Mons ainsi qu’à proximité de la frontière française, a toujours eu cette place précise pour les besoins de l’Eglise du Hainaut. « Au début, raconte Vincent Minet, ce lieu était la propriété du mouvement Cor Unum pour y accueillir des prêtres. » Au fil des décennies, les portes se sont ouvertes à d’autres activités telles que la catéchèse de confirmation pour les jeunes. Le sous-sol de la maison diocésaine de Mesvin garde la trace de ces salles, voire des petites alcôves, où les groupes d’enfants peuvent se répartir soit pour chanter, pour dessiner, ou pour créer des saynètes théâtrales.
Les habitués des réunions diocésaines, ou ceux qui participent régulièrement aux rendez-vous d’Entraide et Fraternité, connaissent la salle Saint François, la chapelle ou l’espace parole pour n’en citer que quelques exemples. Avec l’élargissement des activités, les gérants de la maison de Mesvin ont multiplié les locaux disponibles pour des plus ou moins grands groupes. Monique Minet explique par exemple: « la journée peut commencer dans la salle multimédia, puis l’assemblée est dispersée par groupe d’une dizaine de personnes dans les petites pièces avant de se clôturer par l’eucharistie. » Le passage à la chapelle fait souvent partie des moments forts d’une journée à Mesvin. Quand la lumière s’infiltre par les vitraux pour éclairer les personnes en prière, cela peut donner l’impression d’être en communion avec le Ciel. De l’intérieur, cette pièce est digne d’être admirée. De l’extérieur, la vue sur la chapelle raconte une portion de l’histoire du lieu. Elle a été construite en 1936 sur le jardin d’hiver du bâtiment de l’époque. Son style architectural tranche avec les murs des autres parties de la maison, construites plus récemment.
Prendre le temps
Parmi les multiples activités accueillies dans la maison diocésaine de Mesvin, l’une d’entre elles laisse des traces dans presque toutes les salles. Vincent Minet est en effet peintre d’icônes et animateur de stages en ce domaine. Plusieurs de ses œuvres sont visibles aux murs des grandes salles. Citons la dernière icône produite, celle de la Trinité sur laquelle l’animateur a travaillé pendant la période de confinement. Nul doute que les participants aux réunions peuvent être inspirés pendant les échanges par la représentation artistique d’un saint ou d’un passage biblique. Mais ne demandez pas à l’auteur de l’œuvre d’en fournir une explication! « Je préfère laisser la personne libre de percevoir l’icône, son jeu de couleurs et les symboles« , confirme Vincent Minet. L’artiste nous confie travailler sur deux projets grands formats. D’ici quelque temps, la collégiale de Lobbes disposera d’une belle Croix peinte par Vincent Minet. Et surtout il rendra hommage à la sainte patronne de Mons en lui créant une icône: « J’ai entrepris de représenter sainte Waudru en ‘patronne de la cité’. »
Même si l’essentiel du public qui passe à la maison diocésaine vient pour une réunion d’Eglise ou un rendez-vous qui a trait à la spiritualité, Mesvin accueille également un public plus large. Monique Minet rappelle fièrement que « des cours de gestion ont été donnés ici pour qu’une population très différente ait la chance de pouvoir lancer son affaire« . C’est le cœur de la vocation de ce couple qui s’adapte à des personnes au profil varié pour que chacun puisse s’y sentir bien. Même avant d’être recrutée pour ce service au sein de la maison diocésaine, Monique Minet se sentait « appelée pour faire l’accueil« . Puis, en 2002, l’évêque de Tournai, Mgr Jean Huard, l’a nommé pour remplacer la précédente gérante du lieu et l’aumônier de l’époque. Devant la charge de travail que cela représentait, Vincent Minet a proposé son aide avant d’être associé comme animateur en pastoral. Le couple a trouvé un équilibre entre la mission très envahissante au sein de la maison diocésaine, et leur vie de famille dans la petite maison adjacente.
En terminant notre reportage à Mesvin, nous découvrons un arbre plus que centenaire dans le parc de la maison diocésaine. Les autres arbres avoisinants ont été ajustés, certaines espèces dans le fond du jardin ont dû être abattues il y a quelques années car elles étaient malades et risquaient de provoquer des dégâts… Malgré les transformations de l’espace vert de la maison, cet arbre qui date d’avant la révolution française d’après Vincent Minet, reste solide. Tout comme la maison diocésaine qui a vu son public évoluer depuis plus d’un siècle. Les mois récents où le nombre de visites a été drastiquement réduit, ont permis aux gérants du lieu de redécouvrir certains trésors de la nature. Ces espèces rares et solides vont peut-être inspirer les futurs visiteurs de la maison diocésaine.
Anne-Françoise de BEAUDRAP