Le «Sea-Watch 4», dédié au sauvetage des migrants en mer, vient de commencer ses opérations, en partenariat avec Médecins sans Frontières. Et ce, grâce au produit d'une gigantesque collecte de fonds initiée par la fédération des Eglises protestantes allemandes, peut-on lire dans Libération.
Après des mois d’immobilisation dans le port espagnol de Borriana, en raison de la pandémie de Covid, le Sea-Watch 4 a enfin pu commencer ses opérations en mer. Plus un seul navire n'avait pu secourir les migrants en Méditerranée depuis juillet, alors que ceux-ci continuent d’affluer depuis les côtes africaines.
Selon Mattea Weihe, porte-parole de l’ONG allemande, le Sea-Watch 4 dispose notamment d’un «safe space» pour les femmes et d’un espace réservé aux mineurs et aux personnes particulièrement traumatisées. Le baptême du navire s’est fait en février, à Kiel, dans le nord de l’Allemagne, en présence de la vice-présidente du Parlement du Schleswig-Holstein, Aminata Touré, mais aussi du président de l’église évangélique d’Allemagne, Heinrich Bedford-Strohm. «On ne laisse pas un seul être humain se noyer, point final», avait déclaré ce dernier, engagé depuis des mois pour le sauvetage en mer des migrants, lit-on dans l'article de Libération.
1,1 million d’euros recueilli en deux mois
Le Sea-Watch 4 a bénéficié d’un substantiel coup de main de l’Eglise évangélique allemande (EKD), qui représente pas moins de 20 millions de fidèles. C'est lors d’un synode en décembre 2019 que l'idée de financer un navire de sauvetage de migrants a été discutée, puis validée. L’EKD a alors mis en place une collecte de fonds via United4Rescue, une vaste alliance citoyenne composée de 550 institutions, associations ou entreprises. Sur le 1,3 million d’euros nécessaire à l'achat du navire, United4Rescue en a fourni 1,1 en seulement deux mois.
Heinrich Bedford-Strohm, spécialiste de l’éthique sociale, n'a pas été épargné par les critiques émanant de certains fidèles, jusqu'à recevoir des menaces de mort. Déterminé, il n'a pas hésité à dénoncer l’inertie criminelle des pays de l’UE : «Nous voulons soutenir le sauvetage civil en mer tant que les Etats européens ne rempliront pas leur devoir de sauver les gens. Il doit enfin y avoir un mécanisme de répartition des réfugiés en Europe qui fonctionne. Je suis heureux que le Sea-Watch 4 prenne la mer, car il n’existe actuellement aucun navire de sauvetage de l’UE ou d’un autre Etat membre. Sauver des personnes en détresse en mer n’a rien d’illégal, c’est un commandement de charité et une obligation humanitaire. Nous devons donc continuer à nous battre pour mettre fin à la criminalisation du sauvetage en mer.»
S.D. avec Libération (en ligne)