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Il y a quelques jours, l’évêque de Liège, Mgr Delville a présenté sa nouvelle équipe, à l’occasion du renouvellement du conseil épiscopal, suite au départ du vicaire général Alphonse Borras. De nombreux changements vont avoir lieu dans la curie diocésaine et notamment la création d’un nouveau vicariat dédié au bien-être des acteurs pastoraux. Rencontre avec Dominique Olivier, future responsable.
Laïque dominicaine, travailleuse sociale à la retraite, mariée, maman et grand-maman, c’est avec confiance et dotée d’une solide expérience que Dominique Olivier aborde ce nouveau chapitre de sa vie. « L’âge permet de vivre et d’accueillir les choses avec plus de sérénité, assure-t-elle. Je n’ai plus rien à prouver aux autres, ni à moi-même. »
Vicariat de la sollicitude
En effet, forte de son expérience dans le domaine social, Dominique Olivier connait aussi très bien le milieu ecclésial. Comme laïque dominicaine, elle dispose également d’un encrage spirituel indispensable pour aborder ce nouveau défi qu’est la création d’un tout nouveau vicariat.
La décision de mettre sur pied ce service dédié à l’ « Accompagnement des acteurs pastoraux » manifeste selon Dominique Olivier une attention accrue portée à la personne et rend compte de la vigilance que Mgr Delville veut témoigner envers cette question. Un vicariat que la future responsable rebaptiserait volontiers « vicariat de la sollicitude » tant ce mot est inscrit en fil rouge dans tout ce que la nouvelle équipe devra entreprendre. Toutefois, il ne s’agit pas de tout réinventer, comme nous l’explique Dominique Olivier, mais bien de s’appuyer sur les initiatives qui existent déjà. Citons par exemple la démarche Progressio, élaborée à Metz qui, depuis trois ans, propose aux prêtres liégeois de vivre un compagnonnage sous la direction d’un animateur.
Créer une culture de l’accompagnement
Le rôle du vicariat sera aussi de suppléer là où il y a des manques et de travailler au développement d’une véritable culture de la bienveillance et du « care ». Ainsi, trois objectifs principaux ont été établis. Tout d’abord, le premier défi sera de proposer une offre de services qui permettent de répondre aux différentes demandes qui seront adressées au vicariat. Deux cas de figure sont dès lors possibles ; soit la demande émane de l’extérieur, du terrain, c’est-à-dire des acteurs pastoraux eux-mêmes lorsqu’ils rencontrent l’une ou l’autre difficulté, soit la demande émane directement de l’autorité diocésaine, l’évêque ou le vicaire général, qui « impose » alors le recours aux services du vicariat pour, par exemple, débloquer une situation conflictuelle dont elle aurait eu vent. Ensuite, l’équipe vicariale travaillera au développement d’une culture de l’accompagnement pour tous les acteurs, pas assez développée selon Dominique Olivier. Ceci impliquera dans un premier temps de mettre en place des procédures standards qui prennent néanmoins compte de la spécificité de chaque situation et des besoins spécifiques de chacun. Tout ceci, afin de favoriser et de vivre la sollicitude. Dominique Olivier s’occupera particulièrement du développement de la pratique d'(auto-)évaluation.

Vivre la sollicitude évangélique, tel est le souhait de Dominique Olivier, future responsable du vicariat « Accompagnement des acteurs pastoraux ». (c) DR
Décloisonner
Enfin, la future responsable sera également attentive à faire grandir une culture de la vigilance. « L’Eglise est dans le monde, elle est donc influencée par les changements sociétaux. » Et si l’Eglise a développé une nécessaire culture du management, elle ne doit pas oublier que son approche est avant tout évangélique et être deux fois plus vigilante. Pour Dominique Olivier, l’idée même de ce vicariat est intéressante, « il doit exister, comme signal, et pour donner la possibilité de dire « il y a un problème » et de chercher ensemble des solutions« .
Elle tient également à souligner la volonté de l’évêque et du vicaire de décloisonner. « Avec ce vicariat, notre approche sera transversale. Nous ne regarderons plus en priorité quelle ministère ou catégorie occupe la personne, notre mission sera d’accueillir les acteurs pastoraux, de les aider dans leur prise de fonctions et de les accompagner dans leur cheminement personnel. Notre équipe prendra donc soin de l’ensemble des acteurs pastoraux, une fois encore sans gommer leurs spécificités. » Selon sa propre expression, Dominique Olivier prendra les rênes d’un « vicariat de la nuance », parce que, avant tout, il s’occupera de l’humain.
Gestion des conflits
Dans la prise en charge des futurs dossiers, deux étapes seront très importantes. Tout d’abord, l’écoute qui, à elle seule, permettra de dénouer certaines situations. « Parfois, cela suffit à redonner confiance. Je me souviens avoir accompagné un doyen qui disait apprécier le fait d’avoir un vis-à-vis et de pouvoir déposer les choses. » Une autre étape importante, qui sera un « gros service », sera la gestion des conflits et la médiation. « L’Eglise n’est pas différente du monde. C’est partout pareil. Le travail en équipe peut générer des tensions. » Les sciences humaines pourront ainsi être déployées pour aider certains groupes à résoudre leurs conflits. « Les outils de sciences humaines peuvent être appliqués, en les adaptant à la réalité vécue en Eglise, explique Dominique Olivier. Rien n’est incompatible mais il faut travailler le lien avec l’évangile. La technique ne fait pas tout, il faut aussi y mettre du coeur. » Et l’Eglise doit être encore plus exigeante sur la qualité de ce que nous voulons vivre et faire, ajoute-elle encore. Depuis 20 ans, Dominique observe que les conflits en Eglise sont dévastateurs parce qu’ils touchent à la racine profonde de la foi, qui est la relation la plus intime qui soit, celle que l’on entretient avec Dieu. Les blessures d’Eglise sont très profondes, l’Eglise devrait pourtant être le lieu où l’on vit le plus le pardon et c’est pourtant là où souvent il est le plus difficile à vivre. Parce que, justement, le conflit en Eglise peut atteindre notre identité spirituelle.
Une équipe d’experts
Pour mener à bien ces différentes missions, Dominique Olivier pourra compter sur l’abbé Vital Nlandu Balenda, nommé adjoint, qui porte depuis longtemps le souci de la santé et de la vieillesse des prêtres. Une assistante sociale a également été engagée. Dominique Olivier souhaite compter sur la collaboration de nombreux experts extérieurs, un réservoir de personnes-ressources, qui accepteront de prendre en charge l’un ou l’autre cas selon les besoins. « Le décloisonnement, c’est aussi faire en sorte que chacun fasse sa part du travail selon ses compétences. »
Sophie DELHALLE
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