La commission Justice et Paix Belgique francophone a mené une enquête sur l’équilibre des genres en Afrique centrale. Même si de nombreuses résolutions sont déjà engagées pour améliorer les conditions de vie et le statut des femmes, de nombreux défis persistent.
« Ce n’est qu’en garantissant les droits des femmes et des filles dans l’ensemble des objectifs que nous parviendrons à assurer la justice et l’inclusion, à développer des économies qui bénéficient à toutes et tous et à préserver l’environnement que nous partageons, aujourd’hui et pour les générations futures. » C’est l’un des Objectifs de Développement durable (ODD) formulés par les Nations Unies pour avancer vers l’horizon 2030. Sur le continent africain, le sort des filles et des femmes reste souvent tributaire des stéréotypes patriarcaux. Pourtant depuis deux décennies, le constat est accablant: elles sont souvent les victimes (non combattantes) des conflits armés autant que des grandes épidémies.
Petit à petit, des progrès se font en matière d’égalité des sexes. L’auteur de l’étude de Justice&Paix reconnaît que « des mouvements se sont levés pour démanteler les paradigmes qui assignent à la femme trois ‘grands rôles’ – de reproduction, de production et gestion. » Toutefois, les femmes qui gagnent un rôle plus important en matière de politique, notamment, sont souvent amenées à jouer le rôle de pionnières vu le peu de modèles existants sur ce terrain.
Entre tradition et progrès

Rwanda Parliament , 6-7 Dec 2013 (c) CC BY-ND 2.0
Patrick Balemba qui signe ce travail documenté, prend l’exemple fulgurant du Rwanda. Ce pays « enregistre les chiffres les plus spectaculaires concernant le taux de participation des femmes à la vie politique: 64% à la Chambre, 38% au Sénat, et 52,3% au gouvernement. [A titre de comparaison] La moyenne mondiale tourne autour de 20% et la moyenne européenne est de 25%. » Cela ne se fait pas forcément sans heurt, y compris dans un cadre domestique: « les femmes occupant des positions de pouvoir dans la sphère publique au Rwanda se heurtent fréquemment à la résistance de leur mari« . Un peu plus loin, l’auteur de cette étude s’attarde sur la question de la scolarisation des filles en RD Congo. Selon une loi de 2015, toute forme de discrimination devrait être éliminée afin que chacune puisse obtenir protection et la promotion de ses droits, son total épanouissement et sa pleine participation au développement de la Nation. « Dans les faits, relève Patrick Balemba, la fréquentation scolaire reste faible. On remarque aussi que les jeunes filles, à un certain âge, ne sont plus encouragées à poursuivre des études mais semblent plutôt être absorbées par les travaux ménagers en faveur de leur famille qui semble, malheureusement, les y encourager. »
L’étude de Justice&Paix aborde également la situation des femmes au Burundi, qui découle d’une lointaine tradition coutumière: « Elles sont exclues de l’héritage de biens immobiliers et ne peuvent donc prétendre hériter ni de leur mari ni encore de leurs parents. » Les femmes peuvent se trouver brutalement démunies. Cette question de la succession pourrait aussi évoluer puisque « les tribunaux prennent la liberté de faire allusion au principe d’égalité des genres et se sont souvent avérés novateurs en accordant indifféremment aux filles comme aux garçons, les biens mobiliers et immobiliers laissés par leur père. »
En aparté de cette étude, son auteur Patrick Balemba conclut: « Le soutien à l’accès à l’éducation, au droit de propriété, aux sphères de décisions des filles et des femmes est un leitmotiv nécessaire pour le développement. Cela peut booster le niveau de vie et juguler les flux migratoires… » Il justifie son choix d’étudier cette question auprès de trois pays d’Afrique centrale (tel que défini par Justice&Paix en tout cas: « La Belgique et l’Afrique centrale ont un lien historique commun incontestable. La Belgique a entretenu des rapports particuliers de solidarité avec cette partie de l’Afrique. La grande partie de l’aide publique au développement de la Belgique qui est orientée vers cette région serait plus efficiente si elle revêtait des orientations précises comme le soutien de l’égalité des genres. »
AF de BEAUDRAP
Intégralité de l’étude à lire sur le site Justice et Paix