60 ans d’indépendance du Congo : les “plus profonds regrets” du roi Philippe


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60 ans d’indépendance du Congo : les “plus profonds regrets” du roi Philippe
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
4 min

(c) Belgaimage

Dans une lettre adressée au président congolais Félix Tshisekedi à l'occasion des 60 ans de l'indépendance de la République Démocratique du Congo, le roi Philippe a exprimé ses "plus profonds regrets". Il reconnaît également les "actes de cruauté " commis sous le règne du roi Léopold II.

Par ses déclarations inédites, le roi Philippe est le premier souverain belge à qualifier officiellement "les actes de violence et de cruauté" qui ont été commis dans le Congo de Léopold II, ainsi que les "souffrances et les humiliations" vécues durant la colonisation du pays par la Belgique.

Certains regrettent que le terme d'excuses n'ait pas été prononcé; pour d'autres, ce choix de vocabulaire s'explique en respect des futurs travaux de la commission "Vérité et réconciliation" qui va être installée au Parlement pour dresser le bilan des années de domination belge au Congo (1885-1960). Et à l'issue desquels le terme de "regrets" pourrait alors être également requalifié en "excuses".

Cette lettre hautement symbolique marque un tournant décisif dans l'approche de l'histoire de notre pays et de son passé colonial, elle répond également à l'actualité et au mouvement de décolonisation de l’espace public (notamment par la demande de déboulonnage de statues Léopold II), réactivé par l'affaire "George Floyd" aux Etats-Unis qui a provoqué l'émoi sur l'ensemble de la planète.

Un débat sans tabou

Ce matin, à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de la RD Congo, la première ministre Sophie Wilmès s’est rendue à Ixelles où elle était invitée par le bourgmestre Christos Doulkeridis, pour inaugurer une plaque commémorative à l'entrée de la maison communale. Lors d'une courte allocution, la chefferie du gouvernement a déclaré que la "question coloniale nécessite un débat sans tabou". Elle a également affirmé que "nous ne devons rien laisser passer dans le combat contre le racisme."

Concernant le passé colonial de notre pays et la lettre du roi Philippe, Sophie Wilmès s'est exprimée en ces termes: "La Belgique partage avec le Congo une histoire commune. En 2020, nous devons être capable de regarder ce passé avec objectivité. L’heure est venue pour la Belgique d’entamer un parcours de recherche, de vérité, avec sérénité. Tout travail de vérité et de mémoire passe d'abord par le fait de reconnaître la souffrance de l'autre. Cette reconnaissance a été reconnue très clairement par le Souverain. C'est un travail qui doit être mené sans tabou, avec des Belges et des Congolais."

La CENCO veut éviter la tempête

Aujourd'hui, de l'autre côté de l'Equateur, la République Démocratique du Congo est encore loin de connaître des jours tranquilles. La tension est palpable ces jours-ci. Après la saga du jugement de Vital Kamerhe, directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, c’est le projet des lois sur la réforme judiciaire qui a mis en ébullition la capitale congolaise, Kinshasa, et pas seulement, avec des manifestations loin d’être pacifiques. C’est dans ce contexte que les évêques de ce pays, membres du Comité permanent, ont publié la déclaration dont le titre est sans équivoque: "Qui sème le vent récolte la tempête." C’est sans langue de bois que les prélats congolais, après avoir évoqué la situation déjà complexe de la pandémie du nouveau coronavirus, soulèvent leurs préoccupations qui sont aussi celles de la population congolaise et de la communauté internationale.

Les évêques congolais estiment notamment que la loi de la majorité n'est pas nécessairement synonyme de vérité ou de raison. En outre, écrivent-ils, "une majorité parlementaire, si légale soit-elle, perd sa légitimité quand elle est déconnectée des intérêts et du bien-être du peuple".

"Beaucoup ont même perdu la confiance en notre système électoral. C'est donc une nécessité de rassurer les futurs électeurs de 2023 que les choses ne seront plus comme avant ». Les prélats congolais suggèrent donc de réformer d’abord, par consensus, le système électoral, « particulièrement la loi électorale", et ensuite penser aux personnes qui doivent l’animer. Pour les évêques, une chose est claire: "éviter d'aligner dans le bureau de la CENI les personnes qui, bien qu’expertes en matière électorale, ont déjà trempé dans les manipulations électorales".

Lire l'intégralité de la déclaration de la CENCO "Qui sème le vent récolte la tempête" sur VaticanNews.

Trois nouveaux évêques auxiliaires pour Kinshasa

L'annonce a été officiellement rendue publique ce lundi 29 juin. L’abbé Donatien Nshole a donc annoncé aux clergés de la RDC la nomination par le pape François, de trois nouveaux évêques auxiliaires pour l’archidiocèse de Kinshasa. L’information sur la nomination de ces évêques est parvenue à la CENCO par le canal du nonce apostolique Mgr Ettore Balestrero, le 25 juin dernier. Il s’agit de Mgr Jean-Crispin Kimbeni Ki Kanda, de l’abbé Vincent Tshomba Shamba Kotsho, membre du clergé séculier de Kinshasa et enfin de l’abbé Charles Ndaka Salabisala du clergé séculier de Popokabaka.

S.D. avec agences


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