
Dans les centres de répit, l’indispensable accueil pour personnes avec handicap se ré-organise. (c)Intermaide_Grégory Godefroid
Pour les familles confinées ayant un enfant gravement malade et/ou en situation de handicap, la plateforme Répit solidaire vient d’être créée à l’initiative de deux chercheuses de l’UCLouvain (voir Dimanche n°19: « Un répit si précieux! »). Le souci, c’est que les (encore trop rares) services de répit ont dû fermer, laissant les familles seules et démunies.
La grande difficulté c’est que certaines personnes ont besoin d’un accompagnement pour les actes de la vie quotidienne et d’une surveillance constante, offerts par des services appropriés. A Bruxelles, l’asbl Intermaide est un service de répit et de court-séjour pour personnes en situation de handicap et de grande dépendance. Par an, il accueille près de 60 adolescents (à partir de 16 ans) et adultes. En moyenne, cela fait 7 personnes par jour. Ce qui, en temps normal, est déjà loin de répondre aux besoins des familles bruxelloises (même pas la moitié est prise en charge).
Or, suite à la pandémie du Covid-19, le service a dû interrompre ses activités. Grégory Godefroid, le directeur d’Intermaide, explique: « Nous ne pouvions pas garantir la sécurité des bénéficiaires et des travailleurs étant donné que nous changions chaque jour de bénéficiaires et que chaque semaine les personnes en hébergement changeaient. Nous avons donc averti toutes les familles de la fermeture du service. »
Donc, du jour au lendemain, les familles n’ont plus eu de solution de répit. Elles se sont organisées comme elles le pouvaient mais, très vite, il est apparu qu’il fallait rouvrir le centre, pour soulager les familles et répondre à des situations d’urgence familiale ou médicale.
Tout ré-organiser
Pour faire face aux contraintes sanitaires et garantir la sécurité de tous, il a fallu changer d’agrément (pour être ouvert non stop au lieu de 6 jours sur 7), faire passer des tests à tous les travailleurs ainsi qu’à tous les bénéficiaires avant leur entrée et planifier des séjours de 15 jours sans interruption pour 4 bénéficiaires maximum. « Nous avons aussi dû nous fournir en matériel d’hygiène et de protection », complète le directeur.
Le problème c’est que le nombre de familles ayant besoin d’aide a considérablement augmenté. Si, jusqu’au confinement, la majorité des bénéficiaires avait plus de 21 ans, maintenant l’asbl Intermaide reçoit aussi des demandes pour des adolescents. En effet, les écoles spécialisées sont fermées et les stages n’auront pas lieu pendant les vacances. Les familles ne trouvent pas d’autre solution.
Et après le déconfinement? Difficile d’imaginer qu’il sera encore possible d’offrir un accueil de jour. « Il faudra garder des mesures de précaution », répond Grégory Godefroid. En outre, « avant c’était un service de type ‘familial’, les éducateurs et les soignants étaient en tenue de ville. Maintenant, nous sommes en tenue d’infirmier ».
Grégory Godefroid ose rêver qu’un jour son service n’ait plus lieu d’être. Mais la réalité est tout autre. Depuis 2014, Intermaide tente de pallier le manque de structures offrant un accueil à long terme. « Notre victoire, dit-il, c’est quand un bénéficiaire nous quitte parce qu’il a trouvé une solution à plus long terme. » Mais cela arrive rarement: en 2019, seuls six d’entre eux ont trouvé une solution alors qu’Intermaide reçoit cinq ou six demandes par mois.
Pourvu que la situation actuelle – qu’on espère exceptionnelle – puisse au moins servir à mettre en lumière une réalité quotidienne et faire changer les choses. Grégory Godefroid explique qu’ils « travaillent beaucoup avec les services d’accompagnement pour offrir un mix de solutions ». En attendant, il est débordé par le redémarrage de l’accueil et la mise en place logistique de toutes les mesures.
Et si les services ont du mal à répondre à toutes les demandes, les parents, eux, n’osent pas toujours demander de l’aide. Ce sera le sujet d’un prochain article, à paraître sur Cathobel.
Nancy GOETHALS