Mgr Koen Vanhoutte : « L’Esprit fait renaître celui qui s’ouvre à Lui »

La spiritualité de la Pentecôte tient à cœur à Mgr Koen Vanhoutte, l’évêque auxiliaire responsable du Vicariat du Brabant flamand et de Malines. Il vient d’y consacrer une belle brochure catéchétique.

Quand il a été nommé évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles et vicaire général pour le Brabant flamand et Malines il y a deux ans, Mgr Koen Vanhoutte a choisi "Viens, Saint-Esprit" comme devise épiscopale. Cette devise est explicitement présente dans son bureau à Malines, au mur duquel pend une œuvre d’art en trois petits tableaux: "Veni Sancte Spiritus". Ensemble avec les fidèles, Mgr Vanhoutte aime retrouver dans les témoignages repris du Nouveau Testament la manière dont l’Esprit de Jésus a transformé la vie des premiers chrétiens et des premières communautés chrétiennes. Comment Il les a fait "renaître en Eglise".

Perspectives

Et l’évêque n’a pas peur d’évoquer les craintes voire le désarroi qui peuvent affecter nos communautés d’aujourd’hui, elles qui souffraient déjà de la sécularisation et qui semblent vivre un réel repli sur soi depuis quelque temps. A l'instar des fidèles qui, à la suite des mesures contre le coronavirus, ne peuvent plus physiquement se réunir autour de l’autel pour l’eucharistie. "Relisons attentivement le récit de la Pentecôte dans les Actes des Apôtres, dit Mgr Vanhoutte, tout y commence avec une Eglise petite et sans pouvoirs. Les apôtres s’étaient enfermés au Cénacle et ne voyaient plus de perspectives. Eux aussi avaient peur."
Mais, ensemble avec Marie, ils n’ont pas cessé de prier et d’espérer. "Ils ont ouvert leurs cœurs pour la venue de Celui que Jésus leur avait promis, sans pour autant savoir à quoi s’attendre. Et ils ont vécu une expérience très forte; je dirais même: une sorte une 'résurrection'. Ils ont dès lors cherché les images appropriées pour décrire ce qu’ils ont vécu. Les écrits du Nouveau Testament ne contiennent pas d’exposé théologique avec des concepts clairs et distincts. Ce que les premiers chrétiens nous apprennent sur l’Esprit qu’ils ont reçu, c’est comme une symphonie jouée par différents instruments."

Les fruits de l’Esprit

"Il s’agit d’une énergie divine qui crée une nouvelle dynamique", précise l’évêque. Mais est-ce que cet Esprit est encore actif dans nos propres vies d’aujourd’hui? "Oui, le récit de la Pentecôte n’est pas une histoire d’il y a deux mille ans que nous devons simplement nous remémorer", rétorque Mgr Vanhoutte. "Je suis toujours frappé par ce détail très explicite du texte: les apôtres ont trouvé les mots pour parler 'aux cœurs de tous'. La Pentecôte est un élan festif et missionnaire pour tous, au présent! En néerlandais, on peut se servir du mot 'Pinksteren' en tant que verbe: 'Het pinkstert vandaag'."
A nous donc de nous ouvrir dans la prière et dans nos vies pour accueillir cette énergie divine de Jésus. "L’Esprit se fait connaître par ses fruits. Et les fruits qu’énumère saint Paul dans l’Epître aux Galates – l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la mansuétude, la fidélité, la douceur, et la tempérance – ne sont pas des gestes spectaculaires", continue Mgr Vanhoutte. "Aujourd’hui aussi, il y a beaucoup de simples chrétiens qui marquent leur différence en déployant ces fruits. Des communautés reprennent souffle en mettant ces fruits au cœur de nouvelles pratiques pour la diaconie, la liturgie ou la catéchèse. Là, l’Esprit de Jésus est toujours présent."

Examen de conscience

"Car, ne nous trompons pas, si nous arrivons à vivre de ces fruits au quotidien, ce n’est pas seulement notre mérite. Il s’agit de l’Esprit de Jésus qui agit en nous. La Pentecôte nous invite dès lors à méditer Sa présence, à L’inviter instamment dans nos prières à transformer nos vies. On vit la Pentecôte quand on fait cet examen de conscience permanent: suis-je disponible pour l’Esprit? Jésus peut-Il agir en moi? Son exemple est-il tangible dans nos communautés? Il nous est donné d’être confiants mais nous devons en même temps rester très attentifs, pour ne pas tomber dans la 'mort', celle du désespoir."

Benoit LANNOO (texte et photo)