#Restecheztoi : un projet “confiné” de la pastorale scolaire à l’Institut Saint-Roch Theux


Partager
#Restecheztoi : un projet “confiné” de la pastorale scolaire à l’Institut Saint-Roch Theux
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
4 min

Anaïs et Lionel, 35 ans, sont tous deux enseignants à l'Institut Saint-Roch à Theux et donc confinés. Mais ils sont aussi membres de la pastorale scolaire. Comment ont-ils réussi à mobiliser, en ce temps de confinement, élèves et professeurs pour diffuser un message "responsable" mais positif? Et comment envisagent-ils l'avenir?

"La pastorale scolaire procède d'un double mouvement, explique Lionel, professeur de religion dans le secondaire. C'est tout d'abord conserver un enracinement dans la culture chrétienne mais aussi faire preuve d'ouverture sur le monde, celui dans lequel nous vivons et où le religieux est de plus en plus absent, du moins pour les jeunes." Cette pastorale scolaire doit aussi permettre, selon le jeune enseignant, de "mobiliser les ressources de la foi chrétienne" pour favoriser une vie épanouie à l'école. "L'école est un lieu d'écoute, d'accueil et d'accompagnement", souligne encore Lionel. L'équipe de la pastorale compte cinq à six membres réguliers, aidés par d'autres enseignants pour les questions de logistique notamment. Et ce travail en synergie permet de "transformer les idées en actions". Pour Anaïs, enseignante en sciences humaines, la pastorale garde toute sa pertinence dans le contexte d'une école de l'enseignement libre. "On se doit de véhiculer des valeurs et la pastorale nous y aide. J'ai envie que les élèves comprennent que les valeurs chrétiennes ne sont pas 'confinées' à la messe. Notre rôle comme enseignant est de leur apprendre des matières mais aussi de faire de nos élèves des personnes meilleures."

Toucher élèves et enseignants

A l'Institut Saint-Roch Theux, "nous vivons cinq temps forts en pastorale pendant l'année, poursuit Lionel. Nous commençons avec une célébration d'accueil pour laquelle nous devons être prêts en deux semaines, c'est un vrai rallye", admet volontiers l'enseignant. Et c'est aussi un vrai challenge de mobiliser les autres professeurs. "Dans ma réflexion, j'essaie toujours de partir de mes collègues car je me dis que si nous parvenons à les toucher, eux aussi à leur tour parviendront à toucher leurs élèves." Car le succès des actions de la pastorale repose aussi sur l'investissement individuel de chacun de membres du corps professoral. Les autres rendez-vous proposés par la pastorale sont l'avent avec une récolte de vivres et une célébration de Noël, et une récolte de fonds (au profit d'une association locale) au Carême ainsi qu'une célébration de Pâques. Et cette dernière n'aura donc pas lieu cette année.

Un projet confiné

Mais cela n'a pas empêché les membre de l'équipe de se questionner et d'envisager une action en ce temps de confinement. Ainsi le projet #restecheztoi est né. "Le but était de diffuser un message responsable mais positif", explique Lionel. C'est dur mais restez chez vous." Un message d'espérance aussi. Dans ce projet visuel, diffusé sur la page Facebook de l'école, élèves et enseignants, ainsi que la direction, ont joué le jeu. Une vingtaine d'adolescents ont eu pour mission de se prendre en photo avec un mot, différent pour chacun, l'ensemble formant la phrase : "Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun de vous pense à celui des autres." (Ph 2, 4) Anaïs, comme ses collègues volontaires, devait quant à elle choisir un dessin qui symbolise Pâques à ses yeux. "J'ai choisi le tombeau ouvert comme signe d'espoir et de renouveau. Il me semblait que cela était compréhensible par tous. N'étant pas experte, je me suis dit que si cela me parlait, ça devrait aussi parler aux autres. Et que, dans le cas contraire, cela interpellerait." Sans concertation entre eux, Lionel a choisi le même dessin. "Cela allait de soi à ce moment-là. Aujourd'hui, je choisirais peut-être plus volontiers les pèlerins d'Emmaüs." Et rejoint sa collègue : "Il faut amener les élèves à se questionner mais cela exige d'être présents pour apporter des éléments de réponse."

Une rentrée chamboulée

Des réponses, il faudra aussi en donner au moment de la rentrée dont la date reste encore incertaine. Anaïs comme Lionel appréhendent un peu ce retour à l'école. "Les premiers jours seront difficiles. Chacun va rentrer avec un vécu différent. Certains auront perdu un proche et auront été plus affectés par le confinement" confie Anaïs. Les enseignants seront alors en première ligne pour accueillir les 1001 questions des jeunes adolescents. "Ce sera une rentrée difficile car nous serons tous marqués d'une façon ou d'une autre", ajoute Lionel. Les deux professeurs redoutent aussi la pression extérieure pour le "rattrapage" des matières lors de la reprise des cours.

L'amour du métier

Anaïs reconnait volontiers que gérer les élèves, au cas par cas, en mode confinement est compliqué pour elle. " J'ai la conviction que les interactions en classe sont essentielles à l'apprentissage. L 'effet de groupe aide les élèves à se dépasser." La jeune maman doit aussi s'occuper seule de sa petite fille de 6 ans, son compagnon étant maraîcher et donc sur le front en permanence. "Mon métier, c'est le contact, voir du monde" ajoute Anaïs. Ce que ne contredira pas son collègue. "Etre enseignant, ce n'est pas être assis devant mon ordi mais être en classe. J'ai besoin de mes élèves même si la vie de prof n'est pas rose tous les jours." Mais Lionel reconnait toutefois que ce confinement lui a permis de réfléchir sur l'utilisation de l'outil informatique comme complément à son cours ... dès qu'il aura retrouvé ses élèves!

S.D.


Dans la même catégorie