"Le retour à Jérusalem est le rêve des Juifs depuis deux millénaires d’exil", dit Maître Lior Ziv. Le jeune avocat, né à Anvers, vit en Israël depuis huit ans maintenant. "C’est l’accomplissement d’un rêve collectif."
Les Juifs appellent la migration en Israël « aliyah », c’est-à-dire : « ascension ». Juste avant de débrancher les modes de communication modernes pour entamer les festivités de « Pessa’h » – la Pâques juive qui par un hasard des calendriers religieux coïncide cette année avec celle des Chrétiens – Lior Ziv, avocat de 37 ans originaire d’Anvers mais vivant à Jérusalem entretemps, nous fournit quelques explications.
Pessa’h
"Avec Pessa’h, nous commémorons le fait que le Peuple d’Israël a été sauvé de l’esclavage en Égypte. Mais nous n’avons pas été amené n’importe où par Moïse, le prophète de l’Éternel. Nous avons été amenés en Terre Sainte et en particulier à Jérusalem. La mémoire de génération en génération de la promesse faite à nos pères est fondamentale pour la vie juive. C’est pourquoi, lors de la première nuit de la fête ce soir – la nuit du Seder - (qui se fête en dehors d’Israël pendant deux nuits), les enfants demandent sans cesse aux parents : ‘Mais pourquoi cette nuit est-elle différente des autres ? Pourquoi faisons-nous ceci ou cela ?’ Et depuis l’exil des Juifs par les Romains, nous terminons chaque Seder de Pessa’h en proclamant ensemble la promesse : ‘L’année prochaine à Jérusalem'."
Désir toujours présent
Les parents de Lior Ziv sont originaires d’un côté de Pologne et d’Israël, et de l’autre côté du Royaume-Uni, et ils se sont rencontré en Terre Sainte. "Mais mon père a servi pendant la Guerre du Kippour en 1973 et il a perdu un tas de camarades ; c’est pourquoi il a voulu un break et mes parents se sont installés à Anvers, où ma maman – veuve entretemps – vit toujours. J’ai fait mes études de droits à Leuven, en Espagne et aux États-Unis… et ici à Jérusalem. Le désir de vivre à Jérusalem ne mets pas venu du jour au lendemain ; on peut dire qu’il a toujours demeuré quelque part en moi. Mais il y a huit ans, j’ai franchi le pas. La vie est en général assez chère ici, mais étant célibataire c’est plus facile de franchir le pas."
Promesse divine
Du point de vue administratif, « aliyah » n’est pas compliqué, car Israël le facilite pour rassembler les Juifs du monde entier. "Cela a une signification religieuse importante. Nous le lisons dans le livre du Deutéronome : ‘Quand tu serais exilé à l’autre extrémité du ciel, l’Éternel, ton Dieu, te rassemblera de là, et c’est là qu’il t’ira chercher. L’Éternel, ton Dieu, te ramènera dans le pays que possédaient tes pères, et tu le posséderas ; il te fera du bien, et te rendra plus nombreux que tes pères’." Ziv sait bien que pas tous les Juifs acceptent l’existence d’un état juif avant la venue du Messie, "mais j’ose dire que même pour les ultra-orthodoxes, le fait de vivre ici est une élévation spirituelle : ‘aliyah’."
Loi de Moïse
Ziv se dit un Juif « traditionnel » : il essaie de vivre selon la Loi de Moïse contenue dans la Torah et développé par les Sages. "Cette Loi nous ressemble et nous donne une identité en tant que peuple d’Israël. Les 613 ‘mitswot’ ne sont pas seulement des règles expliquant ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ils contiennent aussi une richesse spirituelle. Il est plus difficile de découvrir cette richesse, si tu n’essaies pas de l’intégrer dans ta vie quotidienne." Encore une raison pour laquelle vivre en Israël, est source de grande satisfaction pour le jeune homme : "Ici, personne ne te regarde de travers parce-que tu vis la vie d’un Juif."
Coronavirus
Peut-on partager ces traditions avec d’autres peuples vivant sur le même territoire ? "Pourquoi pas", dit Maître Ziv, "il y a toujours eu des non-Juifs en Terre Promise, même à l’époque du Temple. Ce qui compte est la souveraineté juive ! Elle n’est pas seulement fondamentale pour notre sécurité, mais aussi du point de vue théologique : l’état d’Israël est un ‘premier bourgeonnement de Libération’." Et le confinement à la suite du coronavirus, menace-t-il « Pessa’h » ? "Nos traditions ont survécu deux millénaires d’exil", rit Ziv. "Donc elles survivront aussi le virus. On fêtera Pessa’h en famille ‘nucléaire’ cette année, mais en terminera comme toujours avec ‘Leshana haba’a beYerushalayim’ – ‘Que l’année prochaine, nous puissions tous être à Jérusalem’."
Benoit LANNOO