Il y a peu, un scientifique, Laurent Alexandre, annonçait que la première personne qui allait vivre mille ans était déjà née. Et voilà que cette personne vient de mourir du coronavirus !
Cela vient tout bouleverser. Pas seulement les prédictions de ce scientifique, mais la manière dont notre civilisation s’est constituée. Sa relation à la vie et à la mort, sa relation à la nature, aux biens, les relations qui nous font communauté. Cette pandémie nous convoque à un complet retournement, à une conversion.
Nous avons pensé le progrès humain comme une conquête qui aboutirait à tout maîtriser. Toutes les limites seraient bientôt dépassées, vaincues … même la mort !
Mais la vie n’est pas un produit dont nous disposons. Elle n’est pas un dû, pas même un droit, mais un don. Oui, un don et le don le plus précieux qui soit. Et ce don est fragile.
Ne nous sommes-nous pas caché cette fragilité ? Elle nous fait peur car elle peut conduire à de terribles souffrances. Mais elle est aussi le lieu de la rencontre, de la fraternité, de la compassion, de la joie partagée. Lorsqu’un petit humain vient au monde, on ne le programme pas. On accueille sa vie forte et fragile dans les bras, on s’émerveille, on en prend grand soin pour qu’elle grandisse et porte du fruit.
Le chemin pascal de Jésus est un chemin de vie et même de résurrection. Mais ce chemin ne nie pas nos fragilités, en particulier la violence et la mort. Il les affronte et les traverse. Et c’est l’amour comme don jusqu’à l’extrême qui fait naître et renaître la vie malgré tout.
Certains aujourd’hui adoptent un ton martial et guerrier. D’autres invitent à prendre soin les uns des autres Et c’est même ainsi que nous nous saluons désormais. Le soin ne serait-il pas notre vrai pouvoir, un pouvoir qui fait vivre ?
Paul Scolas, prêtre du diocèse de Tournai et théologien