L’édition festive pour le vingtième anniversaire de Tertio est le premier tirage dans lequel l’hebdomadaire chrétien flamand ne se tourne pas vers le monde ou vers l’Eglise universelle, mais se concentre sur lui-même, sur son histoire et sur sa mission.
A l’époque, on donnait quatre ans à Tertio, pas plus! », dit le rédacteur en chef Emmanuel Van Lierde. Mais la petite équipe autour de son premier prédécesseur, Bert Claerhout, ne cachait pas qu’elle misait sur le long terme, en se référant à la lettre apostolique que le saint pape Jean-Paul II avait consacré à la préparation du troisième millénaire: Tertio millennio adviente. « Les fondateurs de Tertio voulaient répandre un message d’espoir pour le millénaire à venir, et ils peuvent être fiers d’avoir réussi ce défi. »
Il y a vingt ans, l’urgence de créer un média pour l’opinion chrétienne se faisait fortement ressentir en Flandre. Pour la première fois depuis quarante ans, le parti social-chrétien des Jean-Luc Dehaene ou Herman Van Rompuy était renvoyé dans l’opposition et une coalition « arc-en-ciel » préparait plusieurs mesures libertaires: le mariage gay, l’euthanasie, etc.
Mais le ressentiment antireligieux s’était surtout installé dans les médias. Le quotidien De Standaard, anciennement catholique, ne véhiculait plus l’opinion chrétienne. Un ancien rédacteur en chef était même explicitement passé à l’Open VLD. Tout comme l’avaient fait d’autres sociaux-chrétiens connus, tels Johan Van Hecke, Karel Pinxten ou Annemie Turtelboom. Tout le monde semblait d’accord sur ce point: fini l’engagement chrétien dans la société flamande!
Tertio n’est évidemment pas parvenu à entièrement retourner cet anticatholicisme et l’hebdomadaire d’opinion chrétienne flamand n’était pas tout seul à la tâche. Mais si une certaine intelligentsia chrétienne en Flandre a pu survivre aux années d’attaques les plus virulentes de « l’arc-en-ciel », c’est bien grâce à cet hebdomadaire auquel beaucoup de plumes extérieures à la rédaction ont participé en y publiant leurs analyses, cartes blanches ou interviews: Herman De Dijn ou Steven Vanackere mais aussi Wouter Beke, Alicja Gescinka ou Bart Maddens.
« Qui renvoie Dieu par la porte-avant, Le voit revenir par la porte-arrière », conclut Emmanuel Van Lierde.
Au programme de ce numéro-anniversaire
Pour marquer ce vingtième anniversaire, le tirage festif qui sort mercredi contient entre autres une interview avec les quatre rédacteurs en chef consécutifs de Tertio (Bert Claerhout, Peter Vande Vyvere, Geert De Kerpel et Emmanuel Van Lierde) mais aussi avec Rik Torfs qui à l’époque évoquait avec son cynisme habituel « une séniorie pour les anciens du Standaard ». Par ailleurs, le numéro jubilaire reprend aussi la traduction d’un message de soutien de la part du pape François signé par le Secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin.
En dernière page, le portrait cette fois-ci de trois collaborateurs de Tertio qu’on ne voit ni n’entend jamais : la collaboratrice administrative de la rédaction, la personne qui fait la mise-en-page et un ancien journaliste chevronné du Standaard qui, depuis vingt ans, tous les lundis vient lire les épreuves. Mais Tertio regarde aussi résolument l’avenir, en organisant cinq événements dans les cinq diocèses flamands avec des intervenants renommés : le prieur Enzo Bianchi de la communauté œcuménique de Bosen en Italie), le cardinal-archevêque Anders Arborelius de Stockholm en Suède), le professeur Tomáš Halík de Prague en Tchéquie, etc. On peut retrouver le programme complet, les dates et plus d’info via le site www.tertio.be.
Benoit LANNOO