Aux côtés du personnel soignant, des milliers de bénévoles se mobilisent autour des malades, pour aider à une « guérison humaine intégrale ». Ils seront tous à l’honneur ce 11 février.
Le 11 février marque chaque année la journée mondiale des malades. Pourquoi cette date spécifiquement? C’est la fête de Notre-Dame de Lourdes, en souvenir de la première apparition de la Vierge Marie dans la cité française le 11 février 1858. La Belle dame est venue « soulager les malades » par la prière que les croyants lui portent. Cette journée mondiale des malades instituée depuis vingt-huit ans met à l’honneur autant les personnes souffrantes que ceux et celles qui les accompagnent dans leur chemin de douleur ou de guérison.
Il est important de souligner que chacun(e) ne se résume pas à sa fragilité physique ou psychologique. Comme le souligne le pape François dans un message dédié à cette journée du 11 février 2020: « Il apparaît nécessaire de personnaliser l’approche à l’égard du malade, non plus seulement en soignant mais aussi en prenant soin, pour une guérison humaine intégrale. Lorsqu’elle est malade, la personne ressent que, non seulement son intégrité physique est compromise, mais aussi ses dimensions relationnelle, intellectuelle, affective et spirituelle. […] En outre, aux côtés du malade, il y a une famille qui souffre et qui demande, elle aussi, réconfort et proximité. »
Plus de douze mille bénévoles
Cette journée mondiale des malades met donc en évidence autant la personne souffrante que tout son entourage, familial, social et médical. L’Eglise est présente dans ce quotidien de douleurs. Ceux qui sont hospitalisés peuvent recevoir la visite d’aumôniers (lire ci-dessous) ou de visiteurs religieux. De même, les personnes qui vivent chez elles ou dans un home, peuvent demander de recevoir une visite centrée sur la prière, l’eucharistie ou la lecture de textes bibliques. Le dernier rapport de l’Eglise catholique en Belgique montre l’ampleur de cette équipe de bénévoles qui s’active auprès des personnes malades. En 2019, on recensait 3.778 bénévoles dans les équipes pastorales actives en institutions de soins ainsi que 8.934 autres investis en paroisse et au sein des unités pastorales. Sans oublier celles et ceux qui sont envoyés en mission par l’évêque, qui sont au nombre de 550 aumôniers.
Garder sa dignité humaine
L’inventaire de tous ceux qui s’activent à rendre la vie des personnes malades plus acceptables serait incomplet sans évoquer le personnel de santé. Médecins, infirmiers, aides-soignants, etc. Dans son message spécifique pour cette 28e journée mondiale des malades, le pape François insiste auprès des agents de la santé pour que « le substantif ‘personne’ prime toujours sur l’adjectif ‘malade’. Par conséquent, votre action doit tendre constamment à la dignité et à la vie de la personne« , même quand la maladie semble plus forte. Il n’y a pas que les gestes médicaux qui sont bénéfiques aux personnes souffrantes, poursuit le pape François. « Quand vous ne pouvez pas guérir, vous pouvez toujours soigner grâce à des gestes et à des procédures qui apportent soulagement et réconfort au malade. »
Il arrive souvent, au cours d’une vie, qu’on rencontre un problème de santé amenant à s’isoler, à rester au lit ou chez soi, voire à l’hôpital. La présence de bénévoles ou d’aumôniers qui prennent du temps pour rendre visite à la personne isolée dans sa douleur peut lui permettre de se rappeler l’amour de Dieu pour elle, malgré les circonstances. Cette journée du 11 février peut être l’occasion de se manifester auprès des personnes souffrantes dans son entourage ou dans sa famille, ou peut-être de proposer ses services comme futur(e) visiteur(euse) de malades.
Anne-Françoise de BEAUDRAP
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Aumônerie à l’hôpital: Des visites pour rompre la solitude
L’aumônerie du Chwapi (Centre hospitalier de Wallonie picarde) peut s’appuyer sur une quinzaine de personnes pour rendre visite aux huit cents patients hospitalisés dans les différents sites tournaisiens. Parmi elles, Véronique Deplasse et Henri Danel.
Les visiteurs des malades commencent par prendre connaissance de la liste des patients qui ont demandé à recevoir cette visite. La liste, en tant que telle, est de plus en plus courte car « la feuille pour demander après l’aumônerie se trouve tout à la fin du dossier d’admission à l’hôpital« , regrette Henri Danel, qui a rejoint l’équipe il y a quatre ans. Une autre source d’informations pour connaître les attentes des patients vient du personnel des différents services. « Nous n’avons pas le droit de toquer à la porte« , précise Henri, c’est-à-dire de prospecter de chambre en chambre pour proposer la visite d’un membre de l’aumônerie. Lui et ses collègues visiteurs doivent attendre d’en avoir la demande, soit de manière spontanée de la part du patient hospitalisé, soit par l’intermédiaire des infirmières.
Véronique Deplasse, active depuis huit ans, raconte le déroulement d’une visite: « Certains ont une vision tronquée de l’aumônerie, ils ne nous demandent qu’au moment de l’article de la mort, en fin de vie. Pourtant, nous sommes surtout là pour accompagner, pour faire des visites bienveillantes avec un regard chrétien. Si les personnes souhaitent davantage, on peut proposer la communion, lire l’Evangile ou d’autres textes avec elles, etc. Nous sommes à leur service, nous sommes là pour eux. » Le dimanche matin est un moment privilégié. Plusieurs patients sont branchés sur la retransmission télévisée de la messe. La visiteuse de malade reconnaît que « le personnel essaie d’en tenir compte. »
Souffrir… de solitude
A quoi servent ces visites? En période de fêtes, comme à Noël, les malades hospitalisés peuvent souffrir de solitude. Véronique a l’expérience des autres années: « Certaines personnes se sentent très seules. Elles souffrent autant physiquement que moralement. » C’est pourquoi Henri propose aux familles de faire comme cadeau « la manifestation de leur présence » soit en venant sur place, soit en envoyant « un courrier avec les dessins des petits enfants ou quelques pensées« .
La visite régulière des malades bouleverse autant les patients que les visiteurs eux-mêmes. Henri remarque: « On sent que les patients ont une attente fondamentale, même si on ne sait pas toujours de quoi. Quand la porte s’ouvre, bonjour la découverte et la belle rencontre! » Dans la discussion le malade révèle son histoire. Une histoire différente d’une chambre à l’autre.
Véronique raconte comment se passe la visite de l’aumônerie quand deux personnes occupent la même chambre: « Nous demandons à la personne voisine si elle veut s’associer à la prière. Au moins, nous lui demandons de baisser la télévision. » Parfois le ou la malade d’à côté passe du refus à l’indifférence, puis à l’écoute de ce message d’espérance apporté par les visiteurs. Le tout dans le respect des convictions personnelles.
A.-F.d.B.