Le 25 novembre a été déclaré « Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ». Samedi 23.11 à Paris et dimanche 24.11 à Bruxelles, des milliers de manifestants ont déjà défilé dans les rues pour montrer leur solidarité et surtout crier les noms de toutes les victimes de féminicide.
En Belgique, en 2019, elles sont une vingtaine à avoir trouvé la mort sous les coups de leur conjoint. En France, le nombre de victimes de féminicide s’élèverait à 115. Des chiffres peu précis et probablement éloignés de la réalité, vu le tabou et l’absence de dénonciation systématique des violences ciblant la gent féminine. Une réalité dramatique mais bien loin de celle vécue, en Argentine par exemple, où, toutes les 32 heures, une femme est assassinée, tuée par son conjoint. A Paris, ils étaient près de 50 000 à manifester. Hier, dimanche 24 novembre, à Bruxelles, pour la troisième année consécutive de mobilisation contre les violences à l’égard des femmes, ils étaient 10 000 ; c’est deux fois plus que l’année précédente, et trois fois plus qu’en 2017.
Des femmes derrière les chiffres
Sur son site internet, l’ONU donne ces quelques chiffres alarmants :
- 1 femme sur 3 dans le monde a subi des violences physiques et/ou sexuelles à un moment donné dans sa vie, le plus souvent de la part d’un partenaire intime.
- Seulement 52% des femmes mariées ou en union prennent librement leurs propres décisions concernant les relations sexuelles, l’utilisation de contraceptifs et les soins de santé.
- Près de 750 millions de femmes et de filles dans le monde étaient mariées avant leur 18e anniversaire.
- Plus de 200 millions de femmes et de filles ont subi une mutilation génitale féminine
- 1 femme sur 2 tuée dans le monde a été assassinée par son partenaire ou sa famille en 2017, tandis que seulement 1 homme sur 20 a été tué dans des circonstances similaires.
- 71 % de toutes les victimes de la traite des êtres humains dans le monde sont des femmes et des filles, trois quarts d’entre elles sont exploitées sexuellement.

Les souliers rouges sont devenus le symbole des victimes de féminicide.
Mais qu’entend-on exactement par « violence à l’égard des femmes »? Pour l’ONU, celle-ci englobe, sans y être limitée, les formes de violences physiques, sexuelles et psychologiques, telles que:
- la violence d’un partenaire intime (coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide);
- la violence sexuelle et le harcèlement (viol, actes sexuels forcés, avances sexuelles non désirées, abus sexuels sur enfants, mariage forcé, harcèlement dans la rue, harcèlement criminel, cyber-harcèlement);
- le trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle);
- la mutilation génitale féminine;
- le mariage précoce.
En Belgique
Vendredi 1er novembre 2019, Aurélie Montchery trouvait la mort, assassinée par son compagnon, Sébastien De Leenheer, libéré dix jours plus tôt, sous certaines conditions dont celle de ne plus revoir Aurélie… Car la trentenaire avait porté plainte contre lui pour coups et blessures. Un drame qui aurait pu être évité, estiment certains …
Selon des chiffres du Conseil de l’Europe, la proportion de femmes ayant subi des violences entre partenaires (en ce compris le harcèlement) atteindrait les 45%. Ces victimes de violence psychologique et/ou physique ont besoin de quatre à cinq fois plus de soins psychiatriques que les autres et commettent cinq fois plus de tentatives de suicide.
Selon Amnesty International, chaque année, en Belgique, plus de 45 000 dossiers sont enregistrés par les parquets. Toutefois, les actes de violence conjugale sont loin d’être toujours dénoncés. Par ailleurs, un couple sur huit est confronté à des violences d’ordre psychologique en Belgique.
En Belgique, trois ministres francophones – Christie Morreale (PS), Bénédicte Linard (Ecolo) et la secréta ire d’Etat Nawal Ben Hamou (PS) – souhaitent créer une conférence interministérielle rassemblant les différents niveaux de pouvoir et dont l’objectif principal serait la lutte contre les violences faites aux femmes. En pratique, chacune d’entre elles entend saisir son gouvernement pour mettre la création de cette conférence interministérielle à l’ordre du jour du prochain comité de concertation, en décembre.
Pour rappel, il existe un numéro d’appel gratuit pour les cas de violences conjugales (0800 30 030), créé en 2009. En 2018, ce numéro a été composé 15.360 fois, donc en moyenne 42 appels par jour. Au bout du fil, des victimes mais aussi des professionnels de la santé, des proches inquiets ou même des auteurs d’actes de violence.
S.D.
Illustration: pixabay CCO