
S’informer pour mieux voter est le premier devoir de l’électeur. Autant ne pas attendre le début de la campagne électorale!
Suite aux élections de mai dernier, les positions extrêmes ont reçu bien des suffrages. Cinq mois plus tard, les partis négocient encore pour former un gouvernement fédéral. En tant que citoyens, sommes-nous assez préparés et informés pour élire nos représentants et faire avancer notre pays?
Dès lors, qu’en est-il de la réelle représentation? « La démocratie ne s’arrête pas au bulletin de vote » nous expliquait, en mai, le directeur du Centre de Recherche et d’Information Socio-Politiques (CRISP). Et ce dernier de constater par ailleurs, qu’au moment du vote, on compte encore un taux important d’indécis. Il est donc de notre responsabilité de citoyens et d’électeurs de rester attentifs et informés en continu. Cela aiguise notre esprit critique. D’autant plus que nous ne sommes jamais à l’abri de nouvelles élections !
Mais Jean Faniel relevait que l’électeur dispose de peu d’outils alors qu’il en a rudement besoin pour étayer ses choix. Dès lors, autant prendre plus de temps pour comprendre et réfléchir ! Voici donc un petit tour des initiatives qui s’activent tout au long de la législature.
Il y a bien sûr le CRISP dont c’est la tâche d’analyser, en profondeur et avec des experts, l’actualité sociopolitique, y compris hors élections. Par ailleurs, les deux initiatives citoyennes – Civix et WeCitizens –, présentées en mai dans Dimanche et Cathobel, continuent sans relâche. En outre, être bien informé permet de mieux connaître l’autre; c’est ce à quoi s’attelle l’asbl DaarDaar.
Des dossiers pédagogiques bien utiles
L’école est bien le lieu où l’on peut et il faut parler politique. Les jeunes doivent comprendre le monde dans lequel ils vont travailler, construire, acheter, commercer… Caroline Sägesser, chercheuse au CRISP, insiste sur l’importance de comprendre comment fonctionnent nos institutions et quel est l’impact concret de la politique dans la vie quotidienne. Elle en appelle d’ailleurs à la créativité : « on pourrait imaginer de façon transversale un cours sur le fonctionnement de la société, des institutions, de la démocratie. Il faut quelque chose de concret qui s’applique à toutes les disciplines » (mathématiques, français, langues, sciences, religion ou morale…). En attendant, à l’initiative de la Fondation Roi Baudouin, le CRISP a créé des dossiers pédagogiques pour parler politique en classe. Jean Faniel est assez satisfait des retours souvent positifs des professeurs qui considèrent ces outils bien faits et non partisans.
Pour les plus férus, le courrier hebdomadaire du CRISP offre des analyses critiques et comparatives de l’actualité socio-politique. Richement documentées par des experts, elles éclairent et permettent par ailleurs de tirer les leçons du passé. Reste à les prendre en compte quand il faudra voter!
A côté du CRISP, qui est donc une instance connue et reconnue, des associations citoyennes et des projets visent à (in)former, les jeunes en particulier.
3 minutes pour se tenir au courant
La jeune asbl Civix – créée fin 2018 pour aider, entre autres pendant la campagne électorale, à voter informés – lance un nouveau projet. Civix news résume et décrypte l’actualité politique belge en une lettre d’information qui se lit en 3 minutes. Ce rapide survol permet d’un peu mieux comprendre le fonctionnement de nos institutions. Ce sont des jeunes qui rédigent pour des jeunes, en utilisant les moyens de communication actuels (Chatbot Messenger, Newsletter et vidéos Youtube). Le langage est simple, les explications visent à éclairer sur l’actualité.
Citoyen critique et actif
De son côté, WeCitizens sensibilise tout un chacun à l’importance de rester attentif et critique tout au long de la législature. C’est pourquoi l’asbl insiste sur le droit à l’information à propos des actions et décisions du secteur public. A cet effet, en partenariat avec L’UCLouvain, le Comité Economique et Social Européen et The Greens /EFA, elle organise un colloque ces 6 et 7 novembre à Bruxelles. L’objectif est de promouvoir le contrôle citoyen et l’exercice du droit d’accès à l’information du secteur public .
Le programme de ce congrès international – en anglais – prévoit l’intervention de seize orateurs de onze pays différents. Ils représentent les instances internationales, les associations citoyennes, la presse, le monde académique. Suite à une enquête menée dans cinq pays, l’université de Gdansk présentera un guide de bonnes pratiques en matière de transparence. De son côté, WeCitizens vient de publier une synthèse des différents modes de contrôle citoyen.
Les inscriptions pour la journée du 6 novembre sont malheureusement clôturées mais il est encore possible de venir le jeudi matin 7 novembre (sur inscription) .
WeCitizens est membre du consortium SIA4Y (Strengthening civil society rights by Information Access for European Youth) qui promeut la participation des jeunes citoyens en politique et plus particulièrement la transparence concernant l’activité politique. Ce projet est soutenu par la Commission européenne, dans le cadre du programme Europe for Citizens.
Jeter des ponts avec la Flandre
Un des problèmes majeurs pour la constitution du gouvernement fédéral c’est la difficulté d’allier les points de vues des partis flamands et francophones. Et si, nous les citoyens, essayions de mieux nous connaître et mieux nous comprendre? C’est dans ce but que l’initiative DaarDaar a vu le jour en 2015. Ce site francophone présente quotidiennement une sélection d’éditoriaux et d’articles en provenance du Nord du pays. Traduits en français, ils abordent tous les sujets (politique, société, économie, sport…). Son fondateur, David Charlier, voulait offrir au public francophone l’accès au débat tel qu’il se déroule en Flandre, et ainsi mieux comprendre l’actualité flamande. Ainsi espère-t-il intéresser les francophones à la culture flamande. Ce but d’information rejoint en quelque sorte ceux des autres associations. Et si l’on comprend mieux l’autre, on est plus à même de dialoguer avec lui. En outre, savoir ce qui se passe en Flandre permet de créer des ponts et – qui sait ? – de partager des solutions.
Un citoyen bien averti…
Le taux d’indécis, nous disait Jean Faniel, est surtout à imputer à l’impréparation aux élections. A des degrés divers, le CRISP, WeCitizens, Civix et DaarDaar – sans oublier la presse – informent et permettent ainsi à chacun d’être critique pour, le moment venu, voter en âme et surtout en conscience. Et quand on sait que l’éducation est la base de la démocratie… un citoyen averti en vaut deux!
Nancy Goethals