Geneviève Damas, artiste de renom en Belgique, met son talent pour dénoncer les mauvaises conditions dans lesquels les migrants sont accueillis en Europe. Des mots ciselés, des images poignantes et une musique sur mesure, voilà la recette du spectacle « Partir ».
A l’occasion de la journée mondiale du migrant et du réfugié, l’église de Templeuve (près de Tournai) accueille la pièce « Partir », vendredi 27 septembre à 20h. L’affiche de ce spectacle est assez explicite: on y voit un bateau de migrants, en pleine mer. En surimpression, on peut lire: « Le plus difficile n’est pas d’aller à Lampedusa mais d’en revenir. » Les textes de ce spectacle ont été écrits par Geneviève Damas et Laurence Viele. La première s’est rendue sur l’île italienne de Lampedusa, où débarquent les migrants. Geneviève Damas en a ramené le récit de rencontres faites sur place ainsi que quelques photos faites subrepticement (contre l’avis des policiers). Sa complice sur scène, Laurence Viele, s’est inspirée de son expérience à la CIMADE à Paris (institution qui agit en solidarité avec les migrants) pour écrire des textes et poèmes. Ces mots forts cueillis au cœur de l’action seront rehaussés dans le spectacle par les notes d’accordéon joués par Didier Laloy. Une musique qui fait penser au voyage…
Ce spectacle « Partir » est d’autant plus précieux que « on sent aujourd’hui la montée de l’angoisse de l’autre. » En projetant les images prises à Lampedusa, l’artiste peut faire prendre conscience de la réalité des conditions de vies inhumaines à leur arrivée en Europe. « Je suis marquée« , par exemple, « par la photo d’une maman congolaise qui porte un bébé d’un mois dans ses bras. » Geneviève Damas explique: « Cela signifie qu’elle a accouché seule, en plein désert. » La comédienne, également auteure de plusieurs romans, reconnaît se sentir concernée: « Pendant la première guerre mondiale, la famille de ma mère a fui en Angleterre. Il suffit de pas grand-chose pour que ce soit nous, les migrants. » Le spectacle joué à Templeuve, dans l’unité pastorale de Tournai, sera suivi d’une discussion avec le public.
En dehors des scènes de théâtre, Geneviève Damas avait déjà joué « Partir » dans un musée. « Ce sera la première fois que je me produis dans une église », reconnaît la metteuse en scène. Cela amène quelques contraintes, en matière d’ouverture de l’espace scénique, mais aussi d’ampleur de la voix pour

DAMAS Geneviève (c) Francesca Mantovani /éditions Gallimard
être audible loin. L’artiste insiste: « c’est chouette de donner une représentation dans un lieu qui ne soit pas dédié au théâtre. » La pièce pourrait être jouée dans de nombreux autres endroits, sur demande. Cela conforte l’auteure sur le fait que « les collectifs citoyens se mobilisent (enfin!) sur cette question des personnes migrantes, et des sans-papiers. »
Anne-Françoise de Beaudrap