
De gauche à droite : Mgr Lode Aerts, Baudouin Van Overstraeten (JRS Belgium), Mgr Jean Kockerols, Griet Demeestere (JRS Belgium) et Dominic Ballegeer, autour de la statue ‘the homeless Jesus’ à Bruges. © Hellen Mardaga
Dans le cadre de la journée mondiale du migrant et du réfugié qui sera célébrée ce dimanche 29 septembre, Mgr Lode Aerts, évêque de Bruges, et Mgr Jean Kockerols, évêque auxiliaire pour Bruxelles, se sont rendus, ce jeudi 26 septembre, au Centre fermé pour demandeurs d’asile à Bruges, en compagnie de M. Baudouin Van Overstraeten et Mme Griet Demeestere du JRS (Jesuit Refugee Service), et de l’abbé Dominic Ballegeer, visiteur du Centre.
Des détenus, mais avec moins de droits
Le Centre pour illégaux se trouve dans l’ancienne prison pour femmes à Bruges. Parmi les détenus, des personnes qui ont reçu l’ordre de quitter le territoire, car elles seraient un « danger pour l’ordre public » suite à l’échec de leurs tentatives pour obtenir un titre de séjour . Baudouin Van Overstraeten témoigne : « Ces centres fermés sont de véritables prisons. A la différence notoire que les détenus vivent en régime de groupe et non en cellule. Elles dorment en dortoir de 20 personnes. Et surtout, leur statut juridique est très fragile : il est purement administratif, dépendant de l’arbitraire d’un fonctionnaire, sans véritable contrôle systématique. » Griet Demeestere complète : « Ici, un détenu ne connaît pas le terme de sa détention. Il n’a pas droit à une formation, ni à un travail. Les personnes ici souffrent beaucoup de ces incertitudes. »
L’intérêt d’une visite
Pourquoi être venu les rencontrer ? Mgr Kockerols en est très ému. « En venant ici, nous mettons la personne au centre, et non pas des chiffres et des statistiques, comme on le fait trop souvent au niveau de nos gouvernants. » Pour Mgr Aerts, cette rencontre sort ces personnes d’un processus d’exclusion : elles sont « étrangères » et ne nous concernent pas. « Non, ce sont des hommes et des femmes, avec leur propre histoire. Nous avons pu les écouter. Je suis heureux de cette journée mondiale du migrant. Elle attire notre attention sur la situation de ces personnes qui ont des choses à nous apprendre. Il y a comme un effet miroir : l’angoisse, l’espoir, les désillusions nous habitent tous. »
Le JRS fait du chemin avec chacune de ces personnes, en les accompagnant dans leurs démarches, en veillant au respect de leurs droits, mais aussi en faisant connaître au monde extérieur les défis de cette situation. Le JRS leur montre que la société tient compte d’eux. C’est un signal venant de l’extérieur.
Comment l’Eglise peut-elle aider ?
Pour Mgr. Aerts, une présence « humaine » est de première importance. La culture ambiante nous éloigne de ces personnes. Elles sont enfermées, mais nous aussi d’une certaine façon. Pour Mgr Kockerols, il y a d’une part l’action individuelle, d’autre part la question de fond que le pape François souhaite mettre en lumière. Les migrations révèlent les questions fondamentales de notre planète : l’identité, les religions, l’environnement, le bien commun, les droits individuels etc. Ce n’est donc pas un défi parmi d’autres, mais en quelque sorte le paradigme. L’engagement de JRS, de Caritas et d’autres ONG a une valeur prophétique. Elles font signe à notre société que des solutions existent. Nous devons, en tant qu’Eglise, en faire part à la société. Baudouin Van Overstraeten y ajoute que l’Eglise, de temps à autre, peut aussi faire comprendre qu’elle ne souscrit pas à la présentation que certains font des migrants, de leur quasi-criminalisation. L’opinion publique se laisse parfois manipuler. L’Eglise peut contribuer à un autre type de discours sur la question.
L’abbé Dominic Ballegeer se rend très souvent dans ce centre fermé. Il y célèbre à l’occasion une liturgie et veille à ce que les personnes enfermées puissent prier, selon leurs convictions. La religion est loin d’être une question taboue. Dans les entretiens que les évêques ont pu avoir lors de leur visite, le mot « Dieu » était loin d’être absent.
Hellen Mardaga