Est-il possible de rendre les conflits armés plus humains ou moins néfastes? Ce serait en tout cas l’espoir de plus de 75% des Belges. Ceux-ci ont été sondés par l’institut Ipsos sur leurs sentiments face à la guerre, qu’il s’agisse du comportement des combattants, de la torture, de l’accès aux soins de santé ou de la connaissance des principes fondamentaux qui guident la conduite des hostilités.
C’est à l’occasion du septantième anniversaire des Conventions de Genève que la Croix-Rouge de Belgique a voulu connaître l’avis des Belges. L’étude démontre que ceux-ci soutiennent, dans leur ensemble, l’existence du Droit International Humanitaire (DIH) afin de limiter les effets néfastes des conflits armés. Ils sont aussi une majorité à vouloir plus d’humanité dans ces conflits. Ainsi:
- 84% de la population déclare que les combattants ne peuvent attaquer que des combattants ennemis et doivent épargner au maximum les civils.
- 74% sont contre la torture, même en temps de guerre
- 79% estiment qu’il est mal de priver la population civile de nourriture, d’eau et de médicaments.
- 9 Belges sur 10 sont d’accord que toute personne blessée ou malade a le droit d’être soignée pendant un conflit armé.
- 72% pensent d’ailleurs que ces soins doivent être prodigués de tous les côtés du conflit.
Résultats à nuancer
Cependant, une partie – minoritaire – de la population considère que ces règles sont difficilement applicables dans certaines circonstances, durant les conflits armés. Un Belge sur trois estime, par exemple, que cela fait partie de la guerre que les travailleurs humanitaires soient parfois blessés ou tués alors qu’ils donnent de l’aide dans les zones de conflit. Ils sont autant à penser aussi que l’on peut attaquer des combattants ennemis dans des villages ou des villes peuplées, sachant que de nombreux civils risquent d’être tués ou blessés. Seulement 35 % des Belges pensent que le DIH limite effectivement sur le terrain les effets néfastes de la guerre.

La deuxième guerre mondiale a pris fin avec les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, au Japon. Ceux-ci ont tué et blessé des millions de civils.
La guerre a ses limites!
Sur base de ces résultats, la Croix-Rouge de Belgique tient à rappeler que le respect du DIH relève de la responsabilité des parties belligérantes, mais aussi de l’ensemble des Etats, dont la Belgique. Elle saisit l’occasion du septantième anniversaire des Conventions de Genève pour rappeler leur caractère universel et leur pertinence continue dans les conflits armés contemporains en vue de faire respecter la vie et la dignité humaines.
Adoptées le 12 août 1949, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et de l’Holocauste, les Conventions de Genève constituent le fondement du DIH. Selon Julie Latour, experte en la matière pour la Croix-Rouge de Belgique, « le DIH n’est pas un ensemble de normes abstraites et obsolètes, c’est un outil pratique judicieux conçu pour être mis en œuvre sur les champs de bataille et pour servir de guide au sein de la triste réalité de la guerre. Il demeure pleinement pertinent pour répondre aux défis posés par les conflits armés contemporains. Minimiser son pouvoir protecteur présente le risque d’une banalisation de ses violations. »
La diffusion, par les médias et les réseaux sociaux, d’images de souffrances liées à la guerre risque de nous rendre indifférents ou de renforcer un sentiment d’impuissance. Or, rappelle la Croix-Rouge, nous avons toutes et tous le pouvoir de faire entendre notre voix. La Croix-Rouge insiste donc pour que, dans nos cercles privés ou professionnels, nous fassions appel à nos savoirs, nos ressources et nos capacités pour faire respecter le DIH.
On peut donc rêver: si tout le monde (ré)agissait ainsi, il n’y aurait peut-être plus de guerre… Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre? Si plus de trois quart de la population belge y croit , un autre monde devrait être possible!
Nancy Goethals
Les 5 lois de la guerre:
- Ne pas prendre les civils pour cible
- Pas de torture ou de traitements inhumains
- Ne pas attaquer les hôpitaux et les humanitaires
- Laisser passer les civils qui fuient
- Assurer l’accès aux organisations humanitaires
Pour découvrir les résultats complets de l’étude et en savoir davantage sur les règles en vigueur dans les conflits armés : www.croix-rouge.be/laguerreadeslimites