Le musée BELvue utilise une série dessinée pour expliquer la résistance aux enfants. Même les adultes peuvent se prendre au jeu!

Valises pour l’exil, exposition du Musée Belvue
Il est parfois difficile pour des enfants de s’imaginer la vie, il y a 80 ans. Comment vivaient leurs aïeuls avant et surtout pendant la seconde guerre mondiale ? Le musée Belvue (près du palais royal au cœur de Bruxelles) s’est attelé à cette mission par le biais d’une exposition temporaire. Certaines familles l’ont déjà visité courant août, il reste jusqu’au 6 octobre pour voir « les enfants de la résistance ». Avouons d’emblée que nous avons trouvé notre propre chemin pour cette visite, sans guide, et sans être aidé par le regard des plus jeunes. Cela change la perception que nous pouvons avoir eu de l’exposition.
Les jeunes François, Eusèbe et Lisa, sont les héros d’une série de bandes dessinées créées par Benoît Ers et Vincent Dugommier. Ils servent de fil conducteur pour les différents panneaux de l’exposition qui s’étale sur trois salles du rez-de-chaussée de ce musée. La force de « Les enfants de la résistance » réside, me semble-t-il, dans la reconstitution des décors de la vie quotidienne: là un lit dressé sommairement jouxte la cheminée, pour maintenir le dormeur au chaud. Ici, c’est un bureau doté d’une machine à écrire, qui permet d’imaginer le travail d’écrivain ou de créateur de tracts. Une mise en situation qui aide certainement les enfants à poursuivre l’objectif du jeu de piste qui leur est proposé en visitant « les enfants de la résistance ». Les jeunes visiteurs peuvent se transformer en résistants, résoudre des énigmes pour aider un aviateur allié à faire route vers la Grande-Bretagne.

La propagande menée par la résistance
L’exposition explique les différents aspects de cette période complexe depuis l’invasion nazie jusqu’à la libération. Une partie importante des informations concerne la situation spécifique de la Belgique, par rapport à la même époque en France. Le Royaume belge avait déjà une certaine expérience en matière de résistance puisque le pays avait déjà été envahi en 1914. « Les réseaux se réactivent », indique l’exposition. Des journaux clandestins se mettent en place, des tracts aussi sont imprimés pour contredire et rééquilibrer ce qui vient des sources d’informations officielles. La présentation de « Les enfants de la résistance » montre également le risque que les divisions entre francophones et néerlandophones s’agrandissent, c’était en tout cas la volonté d’Hitler. Au contraire, les différentes communautés linguistiques se sont unies dans la résistance. Un détail le révèle: le V qui était peint sur les affiches, V pour victoire en français, et pour vrijheid (liberté) en néerlandais. C’était la même lettre pour tous les résistants.
L’exposition aborde d’autres spécificités de la Belgique en cette triste période: le territoire comptait peu de maquis du fait de sa dimension restreinte. Les résistants restaient souvent habiter dans leur domicile en essayant de masquer leurs activités par un pseudonyme. Le pays a aussi connu un lieu d’internement et de torture, au Fort de Breendonk. L’exposition présente plusieurs personnalités qui ont marqué les différentes phases de la guerre. Andrée de Jongh est citée comme étant l’une des rares femmes qui ont été chefs d’un réseau de résistance.
Anne-Françoise de Beaudrap
—–
A voir en bande dessinée (5 tomes): « Les enfants de la Résistance » de Benoît Ers et Vincent Dugomier, éditions le Lombard (10.95 euros par volume)