Jean-Michel Folon a laissé un musée en héritage. Sa visite fait réfléchir sur la condition humaine, et la solidarité avec les personnes différentes.
Bienvenue dans l'univers de Jean-Michel Folon. En entrant dans le musée qu'il a lui-même créé au début de ce siècle, l'artiste s'explique: "chacune de mes images est une page du livre de ma vie". Il a choisi et scénographié l'ensemble de cet espace d'exposition. La visite du musée Folon, au cœur du domaine Solvay à la Hulpe, permet de découvrir en deux petites heures la variété des talents de l'artiste originaire d'Uccle.
Jean-Michel Folon est d'abord connu pour certains de ses dessins rendus célèbres: l'oiseau, notamment celui qui servait de générique sur la chaîne française Antenne 2, l'homme au chapeau, la tête qui reflète les pensées… En parcourant ce musée, on a parfois la surprise de découvrir que l'artiste belge est l'auteur de telle ou telle image qui habite aujourd'hui notre quotidien. Pourtant Jean-Michel Folon est décédé il y a presque 15 ans, son dessin reste d'actualité. Nous avons été particulièrement marqués par son interprétation de "la Jungle des villes" imaginée en 1971 où les flèches partent des immeubles stylisés pour se croiser et s'enchevêtrer.
L'artiste installé à la fin de sa vie à la Hulpe a choisi de mettre en avant son engagement pour des causes humanitaires, dès l'entrée du musée. La déclaration des droits de l'homme, "Tout le monde en parle, personne ne la lit", explique Jean-Michel Folon dans une citation placardée dans cette salle. Alors, il détaille dans ces vitrines les différents articles de ce livre "comme une bouée de sauvetage". Plus loin dans le musée, l'artiste a présenté d'autres causes qui lui tenaient à cœur: l'accueil des migrants, la sensibilité écologique, l'opposition à la peine de mort… Avec humour ou avec gravité, ses œuvres font mouche. Le dessinateur explique notamment des affiches: "elles n'ont pas le temps. Elles doivent parler vite et fort, sur les murs des villes."
Dans la tête
L'artiste expose aussi les œuvres sur commande: des unes de journaux, une campagne "Europa contre le racisme", les illustrations des textes d'autres écrivains… La diversité de ce travail montre l'ancrage de Jean-Michel Folon dans son époque. Il est également impressionnant de découvrir le nombre de fois où l'artiste s'interroge, et nous avec, sur le processus de nos pensées. Plusieurs œuvres représentent des têtes stylisées dont le haut du crâne s'ouvre pour laisser s'échapper une procession d'étoiles, ou des questions.
Dans la manière de mettre en scène ces œuvres, Jean-Michel Folon a aussi fait preuve d'inventivité. Le visiteur se laisse guider d'un espace chaleureux à une salle plus lumineuse, et se laisse surprendre par le bruit des mouettes qui vient renforcer l'invitation au voyage voulue par l'artiste. Quand on se penche dans le hublot, une vidéo est lancée… Plus loin, le voyage se poursuit par le biais des enveloppes et des timbres dessinés par Jean-Michel Folon. Le défi pour lui consistait à "créer des images pour le plus petit espace possible", ce qui semble réussi!
La visite du musée permet enfin de découvrir les coulisses de la création. L'artiste a reproduit une partie de son atelier. On y voit les moules des sculptures, des carnets de croquis et des notes prises au long de ses voyages. Précédemment, des œuvres étaient présentées à côté du moule qui avait permis de les fabriquer. C'est rare qu'un artiste soit aussi transparent en expliquant : "C'est là que tout commence."
Anne-Françoise de Beaudrap
Tarifs et renseignements: Musée Folon
