Depuis l’accession de Félix Tshisekedi à la présidence de la République démocratique du Congo (RDC) et la victoire de la plate-forme FCC aux élections législatives et provinciales, certains n’ont de cesse de tenter de biser l’entente entre l’ancien et le nouveau président. Analyse.
Dès le lendemain des élections du 31 décembre 2018, qui ont vu l’opposant Felix Tshisekedi sortir vainqueur du scrutin présidentiel, les manœuvres déstabilisatrices ont commencé, alors que le pays se réjouissait de l’alternance démocratique intervenue. Les tentatives d’ingérence étrangère dans la politique nationale de la RD Congo n’en ont pas pour autant diminué.
La plate-forme FCC (Front commun pour le Congo) du président sortant Joseph Kabila a remporté un succès important aux élections législatives et provinciales. Le FCC et les partis qui le composent détiennent une majorité écrasante de sièges tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. De même, la plupart des provinces ont aussi été remportées par les candidats du FCC.
Vers la cohabitation : une nouveauté en RDC
Si dans toute république démocratique, il arrive que le président en place ne dispose pas d’une majorité au Parlement, il semble que dans le cas du Congo, ce ne soit pas acceptable. Depuis janvier, alors que le pays attend toujours la formation d’un gouvernement d’union entre les partis proches du président élu et ceux qui détiennent la majorité dans les assemblées parlementaires, certains y voient une occasion de mettre en évidence une éventuelle distanciation entre Felix Tshisekedi et son prédécesseur. Pourtant, l’entente entre les deux hommes est réelle.
En Occident, tant aux Etats-Unis qu’au sein de l’Union européenne, il importe surtout d’éloigner le président sortant Joseph Kabila. La tactique est simple: tenter de prouver qu’il garde la mainmise sur l’appareil de l’Etat. Mais c’est oublier que l’opposition existe au Parlement congolais, que les amis politiques du président élu ont aussi leur mot à dire et qu’il est logique que le parti majoritaire dans les différentes assemblées reste, comme dans tout pays démocratique, celui qui a les cartes en mains.
Vers le blocage de la cohabitation
Par ailleurs, pour accroître la pression occidentale sur l’ancien président, les sanctions à l’égard de ses collaborateurs ou ministres, ne sont pas levée mais elles sont renforcées. Ainsi, il semble que les moyens financiers quittent la RD Congo vers l’Occident en passant par les pays voisins, dont la Zambie. En fait, certains tentent, notamment au départ de la Zambie, de financer cette campagne dont l’objectif est d’alimenter les réseaux de justice afin d’engager des poursuites judiciaires contre les proches du président sortant. Question; qui finance cette campagne de déstabilisation d’une alternance pacifique à la tête de l’Etat, en opposant le président élu et son successeur?
Par tous les moyens, certains acteurs, congolais et européens, tentent de créer la zizanie entre l’actuel président et son prédécesseur, qui reste le dirigeant légitime de sa formation politique. « Cela apparaît comme inacceptable que le président sortant reste le dirigeant du parti qu’il a fondé et qui est la plus importante formation politique sur toute l’étendue du territoire », dit un autre observateur de la RDC. En clair, il s’agit bien de pallier à la carence de l’opposition en discréditant les relations entre Tshisekedi et Kabila.
Compte tenu de cette situation, plusieurs responsables occidentaux, ne pouvant s’appuyer sur une opposition divisée, ont pour objectif de déstabiliser la coalition au pouvoir, composer de Cach (Cap pour la Changement) de Félix Tshisekedi, et du FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila. Et quoi de mieux pour y arriver que de provoquer une « bisbrouille » entre les deux leaders?
Jean-Jacques Durré
© Photo: BelgaImage