C'est une histoire faite de rebondissements, traversant les siècles, de l'Antiquité à nos jours, que nous propose de suivre l'Archéoforum de Liège. "Sainte Foy. De Conques à Liège" nous fait découvrir la personnalité méconnue et pourtant internationale de cette martyre du IVe siècle. Les amateurs d'objets religieux et de reliquaires pourront y admirer de très belles pièces.
C'est une histoire faite de rebondissements, traversant les siècles, de l'Antiquité à nos jours, que nous propose de suivre l'Archéoforum de Liège. "Sainte Foy. De Conques à Liège" nous fait découvrir la personnalité méconnue et pourtant internationale de cette martyre du IVe siècle. Les amateurs d'objets religieux et de reliquaires pourront y admirer de très belles pièces.Le culte de sainte Foy d’Agen, martyre du IVe siècle, s’est développé à Conques en France à partir du XIe siècle. Arrêtée par le proconsul Dacien, refusant d'abjurer sa foi, sainte Foy est condamnée au supplice du lit de fer rougi au feu. L'histoire raconte qu'un autre chrétien d'Agen, Caprais, aurait obtenu par ses prières de faire jaillir une source pour éteindre le feu. S'étant livré au bourreau, il est lui aussi condamné à mort et décapité avec sainte Foy. Leurs corps sont enterrés sur place et leur martyre tombe dans l'oubli. Dans l'iconographie chrétienne, sainte Foy est représentée avec les attributs de son double martyr: une palme, un gril et une épée. Elle est fêtée le 6 octobre, jour présumé de son exécution.
Dévotion liégeoise
Pourtant, la dévotion à cette sainte a donné naissance à l’un des pèlerinages les plus importants de l’Occident médiéval, notamment sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Peu vénérée dans le Benelux, la sainte a néanmoins fait l’objet d’une dévotion particulière à Liège. Une église du XIe siècle y a été dédiée à sainte Foy, dans la banlieue nord de la ville. On pense que les moines de Saint Jacques sont allés à Compostelle et en ont rapporté des reliques de sainte Foy mais aussi de Saint Léonard, qui a également son église à Liège et un prieuré devenu aujourd'hui un établissement secondaire.
Un "revival" au 19e
Au XIXe siècle, en 1875 exactement, le prieur de Conques redécouvre les reliques de sainte Foy lors de travaux effectués dans l'abbatiale, désormais occupée par les Prémontrés. A cette occasion, l’évêque de Rodez envoie à son confrère de Liège une relique de la sainte, peut-être installée dans un reliquaire néomédiéval réalisé par l’orfèvre français Poussièlgue-Rusand (dont on peut voir certaines œuvres dans l'exposition). Chaque année, jusqu'au début des années 1950 probablement, la relique était portée en procession dans une châsse de la paroisse Sainte-Foy, aujourd’hui conservée au Grand Curtius et exposée en ce moment à l'Archéoforum. Or, en 1883, à la suite d'un vol dans l'église, on a bien cru que la relique avait disparu. Or, en fouillant le sable qui s'était échappé du coffre fracturé, la relique est apparue comme par "miracle". Les paroissiens se sont alors cotisé pour pouvoir offrir un nouveau reliquaire à la sainte, qui est lui aussi exposé.
De sainte Foy à Sante Fe
Saviez-vous aussi que sainte Foy est un exemple de mondialisation avant l'heure? En effet, la sainte fut vénérée à Liège, en plusieurs lieux en France mais aussi en Espagne et au Portugal. "Sancta Fides", en latin, porte alors le nom de "Santa Fe" et, avec le mouvement de la Reconquista, puis des Grandes Découvertes, le culte de la sainte atteint le continent sud-américain, où de nombreuses villes portant son nom. C'est aussi la capitale du Nouveau-Mexique mais de plus petites entités portent également ce nom comme Santa Fe de Goias, au Brésil.
Un riche patrimoine local
Cette exposition retrace donc l'histoire de Sainte Foy, son martyre et la renaissance de son culte au 19e siècle. Elle nous en apprend également sur l'orfèvrerie du XIXe siècle. Méconnue, sainte Foy a pourtant fait l'objet d'un culte unique à Liège qui a produit un patrimoine riche et bien conservé, comme en témoignent les superbes chasses médiévales et contemporaines offertes à nos regards. Nous conseillons au lecteur de poursuivre la visite en se rendant à l'église Sainte Foy pour admirer son tympan mais surtout ses vitraux d'après-guerre, commandés par le chanoine Cottiaux, curé de saint Foy, suite aux dommages subis en 40-45. Ces chefs-d'oeuvre évoquent des scènes de la vie et des miracles de sainte Foy. A 15 minutes de marche de l'archéoforum ou prendre les lignes de bus 1 / 24 arrêt église sainte Foy.
Sophie DELHALLE
Conférence
Une conférence intitulée «Les reliquaires de sainte Foy à Conques, de Charlemagne à Goudji» se tiendra dans la salle Paul Lohest de l’Archéoforum de Liège le jeudi 3 octobre à 18h30, par Bernard Berthod, Directeur du musée d’Art religieux de Fourvière à Lyon et Gaël Favier, Doctorant à l’École pratique des Hautes-Études à Paris.
Infos pratiques :
Exposition visible jusqu'au dimanche 6 octobre 2019.
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 17h. Fermé le dimanche (sauf les dimanches 7 juillet, 4 août, 1er et 8 septembre et 6 octobre 2019 de 13h à 17h), le lundi, les jours fériés légaux.
Entrée : 6€ (adultes), 5€ (seniors et étudiants).
