Passage de témoin entre le père Eid (à gauche) et le père Lichaa (à droite). (c) DR
Au monastère de l’Ordre Libanais Maronite de Saint Charbel à Bois-Seigneur-Isaac, le Père Georges Lichaa succède comme supérieur au Père Charbel Eid, après 10 ans de bons et loyaux services.
Dans toute fondation dont le fondateur a un charisme particulier, le moment du départ du premier responsable est un moment de grande émotion… Il y avait beaucoup de larmes aux yeux, hier à l’abbaye de Saint Charbel à Bois-Seigneur-Isaac. Mais le changement est aussi la seule garantie pour la continuité : combien de nouvelles fondations n’ont pas survécu parce que le fondateur n’est pas parti ?
Quatrième mandat
Il est dès lors bon que le conseil général de l’Ordre Libanais Maronite ait voté pour un nouveau supérieur pour succéder au Père Charbel Eid à Bois-Seigneur-Isaac : le Père Georges Lichaa. « Ceci est d’ailleurs normal », nous explique le supérieur sortant. « Normalement, le supérieur est désigné pour un mandat de trois ans deux fois renouvelable. Or, je suis déjà dans mon quatrième mandat. »
En effet, il y a plus de dix ans que les Pères Prémontrés, qui étaient à Bois-Seigneur-Isaac depuis le début du XXe siècle, ont commencé à louer l’abbaye à l’Ordre Libanais Maronite. « L’abbaye était totalement délabrée, le Père Charbel Eid a tout refait », nous confient les fidèles des lieux. Aujourd’hui, le monastère, son jardin et son annexe moderne pour le confort des groupes de pèlerins sont en effet en merveilleux état.
Le 6 juillet dernier, c’était au tour de l’église chaldéenne d’Utrecht d’effectuer un pèlerinage à Bois-Seigneur-Isaac. (c) DR
70.000 pèlerins par an
Mais Charbel Eid n’est pas un moine bâtisseur uniquement de briques et de pierres, il construit surtout des ponts humains. « J’ai tenu les comptes des hosties : en 2010, on avait besoin de 3.000 hosties mais l’année dernière, plus de 50.000 personnes sont venus communier ici. » Depuis leur arrivée, les moines libanais se sont attelés à donner une nouvelle vie à l’abbaye, au service des pèlerins et de la paroisse de Notre Dame de Grâce et de Consolation et du Saint Sang de Bois-Seigneur-Isaac.
Par ailleurs, à la dévotion centenaire du Saint Sang et de la Vierge se sont ajoutés les trésors de spiritualité hérités de la tradition monastique libanaise et en particulier la dévotion et les guérissons de Saint Charbel. A la fin du XIXe siècle, Youssef Antoun Makhlouf a vécu comme moine de l’Ordre Libanais Maronite sous le nom de Père Charbel pendant vingt-trois ans dans l’ermitage Saints-Pierre-et-Paul rattaché au couvent Saint Maron de Annaya dans la haute montage du Liban et il a été canonisé en 1975.
Comité de Soutien aux Chrétiens d’Orient
« Ce n’est pas moi le Saint Charbel, je ne suis que le Père Charbel », nous rassure Charbel Eid. Même si cela est vrai, les œuvres du Père Charbel Eid sont quand même innombrables : groupes de prières, , retraites spirituelles, ateliers d’icônes, émissions pour la Radio Catholique Francophone (RCF), accompagnement de la communauté libanaise en Belgique, rassemblement des chrétiens orientaux vivant en Belgique dans le Comité de Soutien des Chrétiens d’Orient fondé à l’abbaye-même avec entre autres le docteur nivellois Simon Najm, …
Toute cette énergie sera désormais investie dans un nouveau défi, sans doute au Liban. Entretemps, le monastère de Bois-Seigneur-Isaac continuera avec les quelques prêtres-étudiants de l’Ordre qui viennent ici pour cinq ans poursuivre leurs études à Louvain ou à Paris. L’un d’entre eux, le timide Père Georges Lichaa, croyait pouvoir rentrer au Liban afin d’y mettre la dernière main à son doctorat en théologie morale.
Nouvelles perspectives
Le conseil général en a décidé autrement : à la grande surprise du Père Georges, il devra dorénavant porter la responsabilité de supérieur dans cette communauté. Mais les nombreuses personnes qui s’engagent au monastère l’ont rassuré : il ne sera pas seul ! L’américaine Cynthia Simpson par exemple, qui avec le Père Charbel a commencé une association qui vient en aide aux Sans Domicile Fixe, l’a bien souligné : ceci est un changement dans la continuité.
Benoit Lannoo & Thérèse Wattiaux – Illustrations: DR
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