Kerkebeek : un iftar dans l’église


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Kerkebeek : un iftar dans l’église
De gauche à droite: sœur Anne Peyremorte, responsable de l'U.P. du Kerkebeek, Rozemarijn Vanwijnsberghe de l'asbl InTouch et (assise) Yasmine Mahboub de Hope4Ever.
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

De gauche à droite: sœur Anne Peyremorte, responsable de l'U.P. du Kerkebeek, Rozemarijn Vanwijnsberghe de l'asbl InTouch et (assise) Jamila Hamdaoui de Hope4Ever. (c)Benoit Lannoo

Un iftar* dans l’église : ce n’est pas une première, mais quand le jeûne musulman a été rompu vendredi passé dans l’église Sainte-Suzanne à Schaerbeek, ce n’était pas un iftar comme les autres, car l’Unité pastorale de Kerkebeek se montre solidaire depuis plus d’un an avec les personnes fragilisées qui (sur)vivent près de la Gare du Nord.

Une cinquantaine de personnes s’était réunie ce vendredi 31 mai au soir dans la grande église de Sainte-Suzanne à Schaerbeek, qui fait partie de l’Unité Pastorale du Kerkebeek à Bruxelles. Il s’agissait d’ONG, de groupes chrétiens ou musulmans ou d’engagements personnels. Les pivots de ce regroupement de forces vives sont : l’Unité Pastorale du Kerkebeek, l’asbl InTOUCH qui se consacre au "vivre et faire" ensemble, et l’association Hope4Ever qui vient en aide depuis plusieurs années aux réfugiés qui rodent dans les rues de Bruxelles.

Hope4Ever est une initiative de Jamila Hamdaoui, une jeune bruxelloise née à Anvers : "Le Parc Maximilien, c’est l’endroit où je jouais quand j’étais petite", raconte-t-elle. "Cela explique mon indignation quand plusieurs années plus tard, ce petit paradis de mon enfance s’était transformé en enfer pour des réfugiés qui ne savaient pas où aller. Ils étaient au départ Irakiens ou Syriens. Je me suis même mise à l’étude de l’Arabe classique pour pouvoir communiquer avec eux. Il s’est avéré que leurs besoins étaient les mêmes que les miens: pouvoir construire un avenir pour leurs enfants."

Cuisine solidaire

Entretemps, le monde politique a pourchassé les réfugiés du Parc Maximilien et plus tard de la Gare du Nord, mais cela ne veut pas dire qu’ils ont disparu. "Ils sont maintenant surtout Égyptiens ou Libyens, Érythréens ou Soudanais, mais ils ont encore toujours faim et soif d’un peu de bonté humaine." Hope4Ever leur vient en aide depuis plusieurs années maintenant avec des repas solidaires et, si nécessaire, un accueil pour la nuit. Depuis plus d’un an, l’Unité Pastorale du Kerkebeek s’est joint à eux en leur offrant l’hospitalité dans l’église Saint-Suzanne et en mettant à leur disposition sa grande cuisine.

Convaincus de la nécessité de poursuivre cette solidarité interconvictionnelle, les responsables de l’Unité Pastorale du Kerkebeek en collaboration avec l’association pour le vivre-ensemble InTOUCH, ont aussi ouvert les portes de l’église pour le Laylat al-Qadr, fêté la nuit où le prophète Mahomet aurait reçu sa première révélation, c’est-à-dire quelques jours avant la fin du saint mois du Ramadan. Des femmes musulmanes avaient préparé un repas convivial pour célébrer la rupture du jeûne. Ce moment a été précédé par une prière chrétienne demandant la bénédiction divine et par l’appel musulman à la prière.

Benoit LANNOO

  • Le terme iftar est à rapprocher de fitr (dans Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de ramadan), avec le sens de "rupture du jeûne".

 


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